Si l’on en croit les résultats  des élections, le parti du sionisme religieux – dirigé par Bezalel Smotrich, et qui comprend une faction dirigée par le controversé Itamar Ben-Gvir est à la prochaine Knesset. Daniel Gordis a peu d’affection pour l’un ou l’autre des politiciens, mais soutient qu’ils gagnent des voix non pas pour leurs déclarations les plus extrêmes, mais parce qu’ils garantissent quelque chose d’essentiel que de nombreux Israéliens veulent, et que d’autres personnalités politiques n’offrent pas de manière convaincante.

Pour illustrer son propos, Gordis cite une vidéo de campagne du titulaire de centre-gauche, Yair Lapid :

C’est une vidéo parfaitement fine et inoffensive. Il n’y a pas de plate-forme avec laquelle je ne suis pas d’accord. Les personnes âgées vivent dignement. Les soldats de combat dont l’éducation est prise en charge par l’État. Les droits des femmes sont préservées. Le  soin des personnes handicapées aussi . Respect et protection des couples gais et lesbiens. C’est un Israël libéral. Un Israël démocratique. Alors quel est le problème?

Le problème, pour moi, c’est que si vous traduisiez cette vidéo en français et substituiez « France » à Israël, Emmanuel Macron pourrait l’utiliser dans sa prochaine campagne. Traduit en anglais avec « America » ​​à la place d’Israël, cela ferait une belle vidéo pour Liz Cheney ou Amy Klobuchar. C’est une belle vidéo qui fonctionnerait pour n’importe quelle démocratie libérale moderne.

Mais voici le hic. Je n’ai jamais eu l’intention de passer à une vieille démocratie libérale moderne. La démocratie? Bien sûr? Libéral (au sens philosophique et non politique) ? Absolument. Mais « tout vieux » ? Définitivement pas. Je suis venu ici pour vivre dans un État juif, un État qui, tout en n’imposant la religiosité à personne, serait juif de multiples façons, culturellement, éducativement, dans les valeurs, et bien plus encore.

Et dans cette vidéo, les mots « juif » et « sioniste » sont totalement absents. . . . La première fois que j’ai regardé la vidéo, j’ai eu l’impression d’avoir été piégé.

Voilà, en somme, pourquoi certains électeurs de Ben-Gvir ont voté pour lui. . . . Ils peuvent vouloir ou non beaucoup de choses, mais ce qui compte pour eux, c’est que cet État ne soit pas comme la France ou les États-Unis, que ses dirigeants soient conscients qu’ils sont à la tête d’un État juif, le lieu vers lequel le peuple juif est revenu se reconstituer.