En mars dernier, le ministre de la Justice et des Libertés marocain fustigeait les touristes venus à Marrakech pour s’écarter du chemin de Dieu puis, ce vendredi, le gouvernement a fait l’omerta sur la télévision pour imposer la diffusion des cinq appels à la prière quotidiens à la place de programmes de divertissement. Deux déclarations qui laissent planer le doute sur une éventuelle islamisation du pays.Né au Maroc, de père et de mère musulmans, je le suis aussi tout naturellement et l’assume, sans ostentation. Et, s’il m’arrive parfois d’estimer que la religion est trop souvent instrumentalisée pour endormir le bon peuple, à l’instar de l’opium comme le disait un certain Marx, elle me semble, quand elle est bien comprise, être aussi une source d’élévation morale, d’amour du prochain et de solidarité collective. C’est ce que j’ai appris dans ma famille, où les Ulémas, docteurs de la loi, à l’érudition islamique reconnue par tous, ne manquaient pas, des Ulémas pour qui la foi et la spiritualité, dans l’ouverture et l’échange, comptaient plus que les rituels et les interdits.

Je me considère également comme un démocrate, c’est-à-dire comme quelqu’un qui respecte les points de vue contraires aux siens, accepte la loi de la majorité et œuvre pour faire advenir, par la voie démocratique, une société plus juste et plus adaptée aux exigences du temps présent. Ce rapprochement, ici fait, entre Islam et démocratie n’est pas fortuit. Il est au coeur aujourd’hui d’enjeux fondamentaux pour les sociétés de notre région, que l’on peut qualifier en simplifiant comme beaucoup  d’arabo-musulmanes.

Le gouvernement actuel du Maroc est le résultat d’élections libres, suite à  l’adoption d’une  nouvelle Constitution,  qui ont donné une configuration gouvernementale dominée par le Parti de la Justice et du Développement (PJD), que d’aucuns qualifient d’islamiste. Le Maroc, de manière plus douce, certes, semble ainsi rejoindre maints autres pays de notre aire où ce que l’on a appelé un peu trop vite la vague islamiste s’étend, non sans interrogations et débats. Aux yeux de certains, ce qui a été qualifié de « Printemps Arabe » risque de n’être  que le prélude à un hiver, plongeant les sociétés dans des glaciations antédiluviennes. On peut croire le Maroc immunisé en raison de sa stabilité institutionnelle, de son ouverture traditionnelle et de ses spécificités géographiques et historiques. Il l’est, jusqu’à un certain point, le Roi étant le double garant de l’attachement à la religion en tant qu’Emir des Croyants et de l’ouverture aumonde, en raison des ses choix et de ses convictions.

Pourtant, quelques déclarations et initiatives intempestives de certains responsables PJDistes ne peuvent manquer d’inquiéter. Elles ne peuvent, en tout cas, laisser indifférents les démocrates et tous ceux qui, comme moi, ont accueilli assez favorablement la nouvelle équipe gouvernementale, parce qu’elle représentait une chance de changement réel des pratiques politiques traditionnelles, approfondissant ainsi le chemin des alternances qui est le seul chemin possible pour les démocraties. Quelques sujets d’inquiétude, entre autres : la femme, le jeu, les médias et le tourisme.

Légitimer par décision de justice le mariage d’une mineure par son violeur est une aberration. Nous ne pouvons pas être d’accord avec les idées qui justifient l’injustifiable et reviennent à habiller un crime, le viol en l’occurrence, d’un tissu d’hypocrisie sociale sous prétexte d’offrir un avenir à une petite fille qui serait autrement perdue. Nous ne pouvons pas être d’accord avec les idées qui affirment que  la femme n’est pas l’égale de l’homme dans le principe et en droit, même si dans les faits la législation et les comportements demandent  encore bien des changements dans ce sens. Et si, pour le moment, seules quelques divagations saugrenues sont venues interférer avec les progrès nécessaires, il est à craindre que l’obscurantisme de certains ne finisse, de propos en propos, puis de restriction rampante en restriction rampante, par l’emporter. Cela est inacceptable. Il faut le dire haut et fort au nom derestriction rampante, par l’emporter. Cela est inacceptable. Il faut le dire haut et fort au nom de nos mères, de nos filles, de nos femmes, de nos amies, de toutes les femmes et de tous les hommes libres de ce pays. Telle décision précipitée veut interdire la publicité pour les jeux de hasard dans les télévisions publiques. Et, pour faire bonne mesure, un nouveau cahier des charges, entend reculer aux heures les plus tardives certains programmes francophones. C’est à tout le moins des erreurs de jugement. Le Maroc est un pays musulman et je n’ai nulle crainte quant à ce qu’il le demeure. L’ouverture sur les autres est non seulement souhaitable, mais nécessaire et que  le français soit largement pratiqué en plus de l’arabe dialectal – la langue la plus parlée – de l’arabe classique et  de l’ amazigh, est un avantage compétitif appréciable sur le plan économique et un atout indiscutable sur le plan culturel. Je suggère même d’ajouter plus de temps consacré à d’autres langues étrangères, comme l’anglais et l’espagnol, dans les programmes de la télévision. Quant aux jeux, avec ou sans publicité sur le petit écran, les gens continueront de parier, sauf que l’interdiction freinerait les versements des recettes des paris sportifs au Fond de Développement du Sport à travers lequel une certaine utilité sociale a été donnée à une pratique qui existe dans toutes les sociétés et contre laquelle il est vain de lutter.l’inquiétant est que cela illustre la volonté manifeste d’une mise au pas autoritaire des comportements, y compris les plus bénins, qui ne peut cadrer avec le type de société dans lequel nous sommes nombreux à vouloir vivre au Maroc. Je n’aime pas plus les jeux de hasard et les paris que les islamistes les plus convaincus, mais on ne saurait souscrire à ce qui serait manifestement une restriction moralisante des libertés individuelles annonciatrice de limitations qui pourraient être bien plus graves.

Enfin le tourisme ! Des déclarations de responsables gouvernementaux, fustigeant les péchés que commettraient certains touristes sont à tout le moins excessives. Ce que je vois, pour ma part, ce sont les millions de touristes qui visitent le Maroc avec un oeil curieux de tout et bienveillant. Ce sont eux qui comptent, de même que comptent le travail et les revenus qu’ils procurent à d’innombrables familles marocaines. Mettre l’accent sur les dérives de quelques uns, ici et là, qui doivent être traitées conformément à la loi, ni plus ni moins, c’est voir les choses à travers un prisme déformant qui traduit une vision de notre vouloir vivre ensemble qui n’est pas la bonne.

Il est à espérer que ces accès de cécité d’un autre temps, ne fassent dévier de la route dont l’actuel gouvernement, comme nous tous, se veut le champion, celle de la bonne gouvernance, de la création de richesse, de sa meilleure distribution et, on peut l’ajouter, de la contribution à la construction d’un Maroc paisible et ouvert.

Source : Savoir ou se faire avoir

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2 Commentaires

  1. le maroc joue avec le feu ! le tourisme est une de ses principales richesses , le tourisme fait vivre des millions de personnes au maroc et jouer avec l ‘islamisme , pourrait pénaliser gravement cette industrie ; les exemples rédibitoires sont nombreux : l ‘ egypte , la tunisie , la lybie ….