Certes, ces diffĂ©rences ne peuvent ĂȘtre balayĂ©es, ni mĂȘme minimisĂ©es, mais la rĂ©ponse biensĂ©ante, face Ă des opinions divergentes, demeure davantage la discussion que le pugilat.
Se rencontrer et partager de cette maniĂšre nâexige pas lâoctroi de lâauthenticitĂ©, ni la reconnaissance dâune ouverture intellectuelle. Tout ce quâil faut, câest un dĂ©sir dâĂȘtre ensemble, la volontĂ© de sâĂ©couter les uns les autres et la capacitĂ© dâexprimer son dĂ©saccord dâune maniĂšre attentionnĂ©e et constructive.
Les Juifs, dans leur grande majoritĂ©, poursuivent, bienheureusement, cette voie et tentent dây persĂ©vĂ©rer, sans se soucier des titres provocateurs et subversifs Ă la une des medias israĂ©liens.
AssurĂ©ment nous nous dirigeons vers une Ă©poque oĂč le JudaĂŻsme exilique, celui-lĂ mĂȘme nĂ© au lendemain des royaumes dĂ©chus dâIsraĂ«l, se fractionnera en nombres de croyances tentaculaires.
« La Bible ne nous parle pas des Juifs, elle nous parle des HĂ©breux. Le Juif câest un HĂ©breu en exil, mais lâexil a durĂ© tellement longtemps quâon a fini par inverser les Ă©vidences dâidentitĂ©, et Ă considĂ©rer comme normale une identitĂ© anormale, qui a toujours eu vocation Ă ĂȘtre provisoire et qui est destinĂ©e Ă disparaĂźtre. Le Juif est un HĂ©breu Ă lâindice de telle ou telle nation, alors que lâHĂ©breu est un Juif Ă lâindice de lâuniversel. Le Juif doit retrouver les racines de son identitĂ©, qui ne sont pas juives mais hĂ©braĂŻques. Pour cela il doit rentrer chez lui, au « pays des HĂ©breux », en terre dâIsraĂ«l. » (Rav Leon Yehuda Askenazi)
Cette menace est réelle.
Si nous nâapprenons pas Ă parler les uns avec les autres de maniĂšre respectueuse, si nous ne pouvons pas exprimer les domaines importants dans lesquels nous diffĂ©rons avec dignitĂ© et compassion, nous briserons lâunitĂ© du peuple.
Il y a une diffĂ©rence entre lâunitĂ© et lâuniformitĂ©.
Nous nâavons jamais Ă©tĂ© un peuple uniforme (nous nous soucions trop de Dieu, de la Torah, des Mitsvot et du Tikkoun Olam pour ĂȘtre indiffĂ©rents sur ces points). Mais nous avons pu maintenir lâunitĂ© malgrĂ© nos discordes. Cette nĂ©cessitĂ© est encore, et toujours, Ă lâordre et au goĂ»t du jour.
Sur le plan personnel, cela signifie que pour le bien de Sion, je ne peux pas autoriser ma passion, pour lâHĂ©braĂŻsme renaissant, Ă diffamer les chemins de vie de mes compatriotes IsraĂ©liens. Le fait dâavoir rencontrĂ© un foyer spirituel et un havre intellectuel est une faveur pour laquelle je rends grĂące Ă lâensemble de nos maitres dâhier et dâaujourdâhui, des Sages audacieux manifestant une expression rĂ©flĂ©chie et gĂ©nĂ©reuse Ă mon Ăąme, en nous rĂ©vĂ©lant ce nouvel ĂȘtre HĂ©breu.
Mais cette reconnaissance bĂ©ate doit mâinciter Ă admettre dâautres formes de JudaĂŻsme procurant ces mĂȘmes bienfaits Ă mes concitoyens israĂ©liens. Je devrais donc me rĂ©jouir en leur nom, sans ĂȘtre obligĂ© dâĂȘtre dâaccord avec leurs thĂ©ologies, sans avoir Ă adhĂ©rer Ă leurs politiques et sans avoir Ă faire taire ma dissidence.
NĂ©anmoins, pour le bien de mon Ăąme, jâai besoin de reconnaĂźtre les autres formes du bien quand je les vois.
Au-delà de nos désaccords, nous nous sommes tous retrouvés ensemble au Sinaï il y a longtemps.
Et dans le futur messianique, le peuple dâIsraĂ«l, tout entier, sera rassemblĂ© : Tous ensemble ou pas du tout.
En attendant, nous devrions peut-ĂȘtre travailler un peu plus fort pour nous traiter tous ensemble avec un minimum de dignitĂ©, de retenue et, jâose dire, dâamour ?
LâAmour dâIsraĂ«l est un commandement aprĂšs tout !
Toutes les sociĂ©tĂ©s exigent un certain degrĂ© dâharmonie et de bonne volontĂ©. La cohĂ©sion sociale est essentielle Ă la prospĂ©ritĂ© et au succĂšs. Pour le peuple dâIsraĂ«l, toutefois, lâunitĂ© nâest pas simplement un moyen dâatteindre des objectifs matĂ©riels.
LâunitĂ© sociale est une valeur beaucoup plus grande, un objectif en soi.
Notre plus haute aspiration est de mĂ©riter la proximitĂ© avec Dieu, et cette PrĂ©sence ne rĂ©side en IsraĂ«l quâen vivant dans la paix et lâharmonie. Comme les Sages lâont enseignĂ© :
«Quand mon Nom est-il invoqué en Israël ? Quand ils seront unis » (Sifre VeZot HaBrachah 346).
Il existe une seconde diffĂ©rence entre lâunitĂ© recherchĂ©e par le peuple dâIsraĂ«l et celle des autres nations.
Une sociĂ©tĂ© peut ĂȘtre unifiĂ©e de deux maniĂšres : en actes et en pensĂ©es.  « Lâharmonie dans lâaction » dĂ©signe des actions concrĂštes visant Ă aider ses voisins ou Ă contribuer Ă la nation dans son ensemble. « Lâharmonie dans la pensĂ©e » signifie prĂ©occupation pour ses concitoyens et amour pour son peuple.
Toutes les nations ont besoin de ces deux formes, mais seule une coopĂ©ration concrĂšte est essentielle Ă la rĂ©alisation des objectifs matĂ©riels dâune nation.
Pour les HĂ©breux, cependant, la paix est une condition prĂ©alable Ă la prĂ©sence de Dieu et Ă une providence originale, et cette paix dĂ©pend, principalement, de lâunitĂ© dans le cĆur.
Ainsi, pour IsraĂ«l, «lâunitĂ© de pensĂ©e» est lâobjectif ultime, alors que «lâunitĂ© dâaction» est un moyen de lâentĂ©riner et de lâassurer.
Comment la cohĂ©sion nationale est-elle reliĂ©e Ă la loi du don annuel dâun demi-shekel par personne, câest Ă dire dâune dâaction homogĂšne ?
La collection de ces piĂšces Ă©tait un vĂ©hicule permettant dâunir le peuple en faits et gestes. Lâargent servait Ă subvenir aux besoins spirituels de la nation â Ă fournir les offrandes quotidiennes du Temple â ainsi que ses besoins matĂ©riels â les fonds restants Ă©taient utilisĂ©s pour entretenir les remparts et les tours (Shekalim 4, 1â2).
Lorsque les nations sâunissent pour un objectif commun, telle la constitution dâune armĂ©e ou la collecte dâimpĂŽts, elles organisent un recensement afin de dĂ©terminer la contribution de chaque individu Ă lâeffort collectif. Ce recensement ne contredit en rien la finalitĂ© de leurs efforts unifiĂ©s, le but ultime restant le bĂ©nĂ©fice de chaque individu.
DĂ©nombrer les HĂ©breux, les compter (en HĂ©breu âSafarâ) par tĂȘte, revient Ă limiter leur nombre, Ă amoindrir leur valeur puisque cette action implique lâapplication dâun chiffre Ă chaque homme et Ă chaque femme. Ceci est contraire Ă la vision biblique : le chiffre efface la particularitĂ© de chacun qui, sâunissant en chacune des tribus, constitue un seul peuple. Lâhomme nâest point un numĂ©ro mais un ĂȘtre Ă part entiĂšre, créé Ă lâimage de Dieu.
Ainsi, le recensement introduit la division du collectif, son morcellement et la brisure de lâunitĂ© rĂ©alisĂ©e en Egypte avec le sacrifice pascal. Le recensement est en principe organisĂ© afin de superviser lâĂ©tendue de la mainmise sur un territoire. Le roi David ordonne le recensement dâIsraĂ«l pour Ă©valuer le nombre de soldats dont il peut disposer (II Sam. 24, 9). Câest alors quâil «fut saisi de remords aprĂšs ce dĂ©nombrement, et il dit au Seigneur : Jâai gravement pĂ©chĂ© par ma conduite. Et maintenant, Seigneur, daigne pardonner le mĂ©fait de ton serviteur, car jâai agi bien follement ! » (II Sam. 24, 10).
CĂ©sar Auguste organise un recensement de tout le monde quâil gouverne. Quirinius, le gouverneur romain en poste en Syrie (6-12 de notre Ăšre), lâorganise en son nom, et la province de JudĂ©e entre dans sa juridiction. Le recensement est donc synonyme dâassujettissement Ă un pouvoir extĂ©rieur. En tant que tel, il est en gĂ©nĂ©ral prohibĂ© dans le Tanachâ.
La contribution du demi-sicle sert à «racheter» («rachat de son Ăąme») celui qui le donne. La conscience de ne constituer quâune partie de lâUnitĂ© du peuple destine lâhomme Ă se rapprocher de son semblable.
Tout homme, riche ou pauvre, offre au Temple la mĂȘme somme dâargent. Cette base unitaire du demi-sicle Ă©vite toute discrimination sociale, qui se doit dâĂȘtre bannie de lâenceinte sacrĂ©e du Tabernacle et du Temple.
Le Beit haMikdach, constitue le lieu de Paix par excellence oĂč les diffĂ©rences sociales disparaissent au profit du dialogue et du service rendu Ă Dieu.
Les hommes doivent, non seulement, atteindre la connaissance supĂ©rieure, celle de lâĂ©galitĂ© du genre humain, mais aussi lâidĂ©e de lâimperfection de notre ĂȘtre qui nĂ©cessite la prĂ©sence de lâautre.
Nous ne sommes que la moitié de notre semblable !
Un HĂ©breu offrant un demi-sicle a besoin dâun autre HĂ©breu pour quâensemble, ils offrent un sicle complet.
Le demi-sicle enseigne donc lâimportance de la complĂ©mentaritĂ© mutuelle et dâune vie sociale vĂ©cue dans lâĂ©galitĂ©.
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