Un site d’information de premier plan en Pologne a déclaré lundi avoir obtenu des documents suggérant que les plus hauts responsables du pays n’étaient pas les bienvenus à la Maison Blanche après le vote d’une loi limitant le discours sur la Seconde Guerre mondiale.

Les documents, venant du site d’information Onet indiquent que le président Andrzej Duda et le Premier ministre Mateusz Morawiecki ne seront pas reçus par le président américain Donald Trump ni aucun autre membre de son administration.

Le personnel de l’ambassade américaine à Varsovie a également menacé de suspendre le financement de projets militaires conjoints entre les États-Unis et la Pologne, selon Onet.

Le rapport a été refusé mardi par des fonctionnaires du gouvernement polonais.

Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, Bartosz Cichocki, a déclaré que Washington exprimait « des préoccupations et des questions » au sujet de la loi, mais que les rapports sur les mesures étaient faux.

La porte-parole du gouvernement, Joanna Kopcinska, a souligné que les canaux diplomatiques restent ouverts. Elle a fait remarquer que d’autres représentants du gouvernement se sont récemment rendus à Washington et le feront dans un proche avenir.

« La coopération stratégique bilatérale avec les États-Unis n’est pas menacée, les contacts diplomatiques restent au niveau actuel » a déclaré M. Kopcinska.

La crise rapportée dans les relations entre les États-Unis et la Pologne est due au passage, le mois dernier, d’une loi polonaise qui criminalise le fait de blâmer la Pologne pour les crimes nazis pendant la Shoah. La Pologne a été occupée en 1939 par l’Allemagne nazie, qui a construit certains de ses camps de la mort les plus notoires, y compris Auschwitz, sur le sol polonais.

Yad Vashem, le musée de la Shoah à Jérusalem, a averti que cela nuit au débat et à la recherche sur le génocide. Et les politiciens israéliens, y compris le député de l’opposition Yair Lapid, ont déclaré qu’ils blanchissaient ce qu’ils appelaient la complicité polonaise dans la Shoah — allégations que de nombreux Polonais trouvent choquantes et que le gouvernement polonais rejette.

« S’il est vrai que les Américains ont mis en place des sanctions contre la Pologne, alors l’affaire est sérieuse. Cela pourrait nuire à la sécurité de la Pologne » a déclaré mardi Stanislaw Tyszka, vice-président du parlement d’un petit parti de droite, Kuziz ’15.

Le mois dernier, l’ambassade américaine en Pologne a déclaré qu’elle était « préoccupée par les répercussions sur les relations bilatérales depuis l’adoption de la loi par le Sénat polonais. »

Plus tard, le même mois, Morawiecki, lors d’une interview, fit une remarque suggérant qu’il y avait des « exécutants juifs » de la Shoah, ainsi que des exécutants polonais, ukrainiens et allemands.

Décriée comme une forme de déni de la Shoah ou de révisionnisme en Pologne et à l’étranger, sa remarque a suscité une réaction inhabituellement sévère de la part de Netanyahu, qui a qualifié l’assertion de Morawiecki de « scandaleuse ».

Jonny Daniels, fondateur du groupe de commémoration «From the Depths» en Pologne, a qualifié l’interdiction de la Maison Blanche de « réponse très forte ». Il a suggéré que les relations américano-polonaises s’améliorent depuis la conclusion des pourparlers entre Israël et la Pologne pour mettre fin à la crise de façon légale.

« Je suis certain qu’avec les pourparlers et la bonne entente entre les gouvernements polonais et israélien afin de résoudre ce problème, les affaires reprendront bientôt leur cours normal » a-t-il déclaré.

La législation sur la complicité dans la Shoah, qui attend toujours un contrôle judiciaire en Pologne, est entrée en vigueur jeudi.

Sous la direction du vice-ministre polonais des Affaires étrangères, une délégation polonaise de hauts responsables venus de Varsonie s’est rendue en Israël la semaine dernière pour discuter d’éventuels amendements à la loi.

Dans sa version actuelle, la loi prévoit des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans pour avoir attribué les crimes de l’Allemagne nazie à l’État ou à la nation polonais. Le projet de loi prévoit également des amendes ou une peine d’emprisonnement maximale de trois ans pour quiconque se réfère aux camps de la mort allemands nazis comme polonais.

Un paragraphe clé de la loi stipule : « Quiconque prétend, publiquement et contrairement aux faits, que la nation polonaise ou la République de Pologne est responsable ou coresponsable des crimes nazis commis par le Troisième Reich […] ou d’autres crimes comme les crimes contre la paix, les crimes contre l’humanité ou les crimes de guerre, ou quiconque diminuera de manière flagrante la responsabilité des véritables auteurs desdits crimes, sera passible d’une amende ou d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans. »

Le site Times of Israel (en anglais) a contribué à ce rapport.