Lors du premier débat présidentiel, la prestation du candidat républicain pourrait permettre au républicain de refaire une partie de son retard dans certains Etats pivots. Une victoire décisive pour Romney ?

Mercredi soir, Mitt Romney a remporté le premier débat présidentiel consacré à la politique intérieure. A Denver dans le Colorado, le candidat républicain à la Maison-Blanche est apparu sûr de lui, bien préparé. Il a bien compris comment il pouvait utiliser le format du débat – six sections de 15 minutes dédiées à différents thèmes – à son profit. Il est ainsi passé à l’offensive. Les commentateurs étaient  presque unanimes. Mitt Romney a livré le meilleur débat de sa carrière, relevant que les primaires républicaines, très disputées, ont constitué une excellente préparation.
Des sondages effectués peu après le débat par CBS, puis CNN confirment la tendance. Face à lui, le président Barack Obama, qui célébrait le jour même son 20e anniversaire de mariage, est apparu un peu emprunté. Sa gestuelle trahissait une volonté de trop contrôler son discours et, comme l’a souligné le stratège démocrate de Bill Clinton James Carville, une impression qu’il n’avait pas envie de débattre.

L’économie, l’emploi, la santé: thèmes sensibles

Les thèmes débattus étaient très sensibles: l’économie, l’emploi, le déficit public, la santé, le rôle de l’Etat. A propos de l’économie, Mitt Romney a eu beau jeu de critiquer le bilan du président démocrate en rappelant que 23 millions d’Américains cherchent un travail à plein temps, que 47 millions de personnes touchent des bons alimentaires (food stamps) et que sous la présidence Obama, le prix de l’essence a plus que doublé. L’ex-gouverneur du Massachusetts a répété son plan pour relancer l’économie américaine: stimuler le secteur de l’énergie en permettant des forages en Alaska, en construisant le pipeline Keystone entre le Canada et les Etats Unis et en utilisant massivement le charbon propre, développer les relations commerciales avec l’Amérique latine, adopter une position beaucoup plus dure envers la Chine, équilibrer le budget fédéral et enfin aider les petites et moyennes entreprises.

Le président démocrate s’est défendu en précisant qu’il avait hérité de la pire crise depuis la Grande Dépression et que son administration avait pris les mesures pour stabiliser le système. L’industrie automobile produit à nouveau “les meilleures voitures du monde”. “Il est important de construire sur nos forces”, a déclaré Barack Obama avant d’ironiser: “Il y a quatre ans, j’ai dis que je n’étais pas un homme parfait et que je ne serais pas un président parfait. Le gouverneur Romney peut constater que j’ai tenu ma promesse.”

 

(Reuters)

Les deux candidats ont défendu des positions très différentes quant à la manière de réduire la dette de 16 000 milliards de dollars et les déficits annuels de 1000 milliards de dollars . Pour Mitt Romney, cela passe par une baisse de la fiscalité pour relancer la croissance et des coupes budgétaires. Pour Barack Obama, il importe de trouver un équilibre entre des hausses d’impôts pour les plus riches et des coupes budgétaires. A propos de Medicare, l’assurance-maladie pour les retraités, le candidat républicain a refusé de dire qu’il allait mettre en oeuvre un plan qui pourrait affecter les personnes âgées et n’a pas voulu préciser s’il était prêt à adopter un système où le bénéficiaire touche un montant fixe de l’Etat et paie le reste de sa poche (voucher) comme le suggère son colistier Paul Ryan.

Les « 47% d’assistés » absents du débat

Mitt Romney s’est révélé plus incisif que son rival démocrate. Un exemple: dans le débat sur la santé, l’ex-gouverneur du Massachusetts n’était pas à une contradiction près, mais il n’a jamais cherché à esquiver le débat. A l’issue du débat, certains se demandaient pourquoi Barack Obama n’avait pas parlé des 47% d’assistés dont le républicain disait ne pas s’occuper dans une vidéo réalisée en caméra cachée et pourquoi il n’a jamais parlé de Bain Capital, la société dont Mitt Romney était le président et qui fut la cible de virulentes attaques de la part de l’équipe de campagne de Barack Obama. Le meilleur passage du président fut sans doute le moment où il relevait que son adversaire était prêt à abroger sa réforme de la santé (ObamaCare), la loi Dodd-Frank de régulation de Wall Street sans préciser par quoi il les remplacerait.

La victoire de Mitt Romney va-t-elle changer le cours de la campagne électorale à 34 jours de l’élection? Ce n’est pas sûr et cela dépendra beaucoup de la stratégie des partis démocrates et républicains ces prochains jours. Deux autres débats présidentiels sont prévus les 16 et 22 octobre et un face-à-face entre les deux candidats à la vice-présidence Joe Biden et Paul Ryan le 11 octobre. Les républicains espèrent capitaliser sur la soirée de mercredi pour changer la dynamique au sein des Etats indécis tels que l’Ohio, où Mitt Romney avait quelque 5 points de retard dans les sondages avant le débat et qu’il doit absolument gagner pour avoir une chance de siéger à la Maison-Blanche en janvier 2013.

Stéphane Bussard

Source : Le Soir.be

 

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