« Jâaimerais que pĂšre puisse nous voir maintenant » : le grand et triste secret de la vie de Shimon Buskila est rĂ©vĂ©lĂ© â et la boucle est bouclĂ©e âą Il vit sans parents, enfants, frĂšres ou sĆurs. Câest ce que son entourage a pensĂ© pendant de nombreuses annĂ©es âą Mais Buskila a une sĆur avec qui il a perdu le contact il y a 35 ans âą Devant les camĂ©ras, il joue pour la premiĂšre fois sa sĆur une chanson quâil a Ă©crite pour elle, alors que les larmes Ă©touffent les deux frĂšres et soeur en larmes.
« Parfois jâallume une cigarette et je la mets sur la tombe de mon pĂšre comme ça.  » Photo: Les 12 nouvelles
Lorsque vous vous promenez avec Buskila Ă Netivot, chaque coin de rue vous rappelle la douleur, la blessure, la solitude. Seule la fiertĂ© des locaux parvient Ă masquer un peu cette tristesse, juste un peu, la tristesse. « Je vivais seul ici, jâavais un appartement », se souvient-il.
Et comment avez-vous payé le loyer ?
« Je nâavais aucun moyen de payer. La chose la plus drĂŽle qui me soit arrivĂ©e, Ă ce jour je la raconte lors de concerts. Je nâavais pas dâargent pour payer lâĂ©lectricitĂ©. Je me rĂ©veille un matin, fais bouillir de lâeau pour le cafĂ© dans la bouilloire Ă©lectrique . Ăa ne marche pas. Je lâallume, je me tourne vers la voisine, je lui dis : âTu as lâĂ©lectricitĂ©â ? Elle me dit : âOuiâ. Jâouvre le tableau, ils ont pris mon minuteur et avait coupĂ© lâĂ©lectricitĂ©. »
« Jâavais des bougies de Hanukkah et jâai mis les bougies comme ça Ă la maison et jâai composĂ© ma premiĂšre chanson âJâĂ©tais au paradisâ. Ehud Manor a Ă©crit le texte et jâai donnĂ© cette chanson Ă Sarit Hadad et cette chanson est devenue un hit national. Et que puis-je te dire, Rina, jâai reçu de lâargent et payĂ© lâĂ©lectricitĂ©. LâĂ©lectricitĂ© est revenu Ă la maison.
Shlomo Artzi a donnĂ© Ă Buskila sa premiĂšre gloire. Depuis, il occupe une place dâhonneur en tant que musicien, crĂ©ateur et interprĂšte. Sa collaboration avec Shiri Maimon a produit de nombreux titres. Ses spectacles sont populaires et de nombreux chanteurs demandent Ă chanter ses chansons. Et malgrĂ© tout cela, lâhistoire de famille lui tient Ă cĆur.
A chaque instant je pense tout savoir sur Shimon Buskila et puis je découvre autre chose
« Rina⊠(la journaliste) comme je te lâai dit, je suis devenue orphelin Ă lâĂąge de huit ans et demi, et mon pĂšre, que sa mĂ©moire soit bĂ©nie, a pris la mort de ma mĂšre trĂšs, trĂšs, trĂšs durement. Puis pendant 15 ans, il a Ă©tĂ© seul , et il a rencontrĂ© quelquâun. Ils se sont mariĂ©s et ont eu un enfant .
Et viviez-vous dans la mĂȘme maison ?
« Nous vivions dans la mĂȘme maison. Environ⊠trois ans »
Et vous vous ĂȘtes bien entendu avec la seconde femme de votre pĂšre ?
« Je ne la sentais pas. Elle dormait toujours avec sa mĂšre. Alors mon pĂšre, il en avait marre quâelle couche tout le temps avec sa mĂšre. Ă la fin, ils ont divorcĂ© et, au fil des ans, ils ont dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Ashkelon »
Quel Ăąge avait votre soeur ?
« Elle a quittĂ© la maison quand jâavais plus ou moins cinq, six ans »
Quel est son nom?
 » Anat . Et je ne lâai pas revue depuis. Et quand mon pĂšre est mort, je lâai appelĂ©e, lui demandant de venir Ă Netivot, et passer le Shabbat.  » Elle me dit :  » Je ne connais personne « . JâĂ©tais en colĂšre. Et depuis, je ne lui ai plus parlĂ©.
Et ?
« AprĂšs jâai commencĂ©, comme on dit, Ă grandir â tout le monde finit par grandir â et jâai Ă©crit une chanson sur elle en marocain »
Finalement la journaliste et Bouskila sont allĂ©s Ă Ashkelon pour rencontrer Anat et pour lui chanter la chanson, sans savoir que son frere lui avait composĂ© une chanson .Â
« Wow. Ce ne sera pas facile »
Ătes-vous excitĂ©?
 » trÚs »
je suis aussi excité
Buskila frappe Ă la porte et il est accueillie avec un cĂąlin chaleureux et affectueux
La journaliste Ă Annat : Quand vous lâavez vu Ă la tĂ©lĂ©vision, que pensiez-vous?
« Ma mĂšre mâa dit : âCâest ton frĂšreâ, mais pour moi câetait impossible car nous nâavions pas cette proximitĂ© , comme si jâavais un frĂšre ! »
Vous sentez-vous lié à lui ?
« Beaucoup. Chacune de ses douleurs est comme la mienne. MĂȘme si nous nâavons pas grandi ensemble, nos cĆurs sont toujours ensemble, unis. Et mon cĆur est avec lui. »
Vous savez que nous avons une surprise pour vous. Shimon tâa Ă©crit une chanson
« Quoi? »
Oui
« Vraiment ? », demande-t-elle, et son frĂšre Shimon rĂ©pond : « Jâai Ă©crit un poĂšme sur toi en marocain et la chanson sâappelle « Ma sĆur ». Tout excitĂ©e, elle rĂ©pond : « Si tu as Ă©crit un poĂšme, alors ton cĆur sâouvre » et place sa main sur son cĆur. « Je vais te chanter un petit morceau, parce que câest dur pour moi », rĂ©pond-il. Au bout dâune demi-minute, il sâeffondre et pleure : « Je ne peux pas le chanter, câest dur pour moi. »
Anat lui rĂ©pond en larmes : « Jâaimerais que papa soit lĂ et nous et nous voie⊠Tu as Ă©crit une chanson sur moi â tu rattrapes vraiment toutes ces annĂ©es, que je nâai pas compris pourquoi tu Ă©tais loin de moi. Maintenant Je comprends que ton cĆur est ouvert. »
Paroles:
« Viens, emmĂšne-moi avec toi, ma sĆur
emmĂšne-moi avec toi
Des souvenirs dâenfance et des jeux qui nous sont perdus
et se demandant
tu es si loin de moi
Et je nâai pas demandĂ© pour toi
viens mâemmener avec toi
EmmĂšne-moi avec toi, ma soeur
emmĂšne-moi avec toi
OĂč sont passĂ©s les jours ?
et se demandant
Je nâavais pas rĂ©alisĂ© que tu Ă©tais parti
Je suis devenu triste et jâai pleurĂ© Ă cause de toi
Viens, emmÚne-moi avec toi »
AprĂšs avoir entendu la chanson, Anat dit en pleurant : « Est-ce que tu comprends que je suis toujours la petite fille qui veut son frĂšre ? Dâaccord, je suis dĂ©jĂ mĂšre et jâai quatre enfants, je suis mariĂ©e et tout. Mais je suis encore une enfant. Je veux ĂȘtre cette fille qui attend son frĂšre. Prends-moi. Je suis lĂ pour toi.
Etes vous heureux de savoir que vous et Anat ĂȘtes Ă nouveau en contact ?
« Oui. Câest ce que je veux lui dire maintenant », dit Shimon sur la tombe de son pĂšre. « Lui faire savoir que jâai bouclĂ© la boucle avec Anat, et quâon reprendra la conversation. »
Anat vous aime aussi Shimon
« Câest vrai, je sais. Parce que, disons que je suis le seul pour elle. Je pense que mon pĂšre repose maintenant en paix, il nous regarde tous les deux de haut et sourit de voir ainsi ses deux enfants uniques. Je ne mâinquiĂšte plus. Il veut fumer une cigarette », rit-il et embrasse la tombe de son pere.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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