Près du front de Donetsk, un soldat juif découvre un fragment mystérieux d’une boîte de charité

Une découverte insolite et chargée de symbolisme a été faite ces derniers jours dans l’est de l’Ukraine, à proximité immédiate de la ligne de front. Un soldat juif servant dans l’armée ukrainienne a mis au jour un fragment d’objet rituel juif à seulement 18 kilomètres de la zone de combats dans la région de Donetsk, une zone ravagée par la guerre et vidée depuis longtemps de la quasi-totalité de sa vie communautaire juive.

La découverte a été faite par Reuven Kandibur, soldat de confession juive, alors qu’il était en service près du petit village de Myaki. Dans un champ, il a repéré un fragment circulaire en pierre portant une inscription en hébreu — le mot « tsedaka » (charité) — accompagné d’un symbole de l’étoile de David. Selon les premières évaluations, il s’agirait d’un élément provenant d’une boîte de charité communautaire ou d’un dispositif fixe lié à la pratique de la tsedaka dans un ancien lieu de culte.

Le caractère de la trouvaille intrigue d’autant plus que les communautés juives actives dans la région avant l’invasion russe — notamment à Sloviansk et Bakhmout — ne reconnaissent pas cet objet. Aucun témoignage local ne permet pour l’instant de l’associer à une synagogue précise ou à une institution communautaire connue. Sa présence dans un champ isolé, près d’un village sans tradition juive documentée, reste inexpliquée.

Après la découverte, le fragment a été confié au musée « Mémoire du peuple juif et de la Shoah en Ukraine », où il doit être intégré à une exposition consacrée à l’histoire juive du pays, y compris dans les régions aujourd’hui marquées par la guerre. Pour les responsables du musée, cet objet constitue un témoignage matériel rare de la présence juive passée dans des zones aujourd’hui détruites ou vidées de leurs habitants.

Vitaly Kamozin, directeur de la Communauté juive unifiée d’Ukraine, a souligné le caractère exceptionnel de cette trouvaille. Selon lui, l’objet a été découvert dans un secteur où aucune communauté juive d’avant-guerre ne signale l’existence d’un tel artefact. Dans une publication sur les réseaux sociaux, il a lancé un appel public à toute personne susceptible de reconnaître l’origine ou l’usage précis de ce fragment.

Plusieurs internautes et spécialistes ont avancé des hypothèses. L’une des plus plausibles est qu’il s’agirait d’un fragment de couvercle moulé appartenant à une grande boîte de charité communautaire, autrefois fixée de manière permanente à l’extérieur ou à l’entrée d’une synagogue. En Europe de l’Est, de tels dispositifs, souvent en métal lourd ou en pierre, étaient conçus pour être inamovibles et résister au vol ou à la profanation. Après la destruction ou le démantèlement de nombreux bâtiments juifs au fil du XXᵉ siècle, certains de ces éléments ont pu rester enfouis dans le sol pendant des décennies.

Selon des responsables communautaires ukrainiens, l’objet pourrait dater des années 1990, bien que cette estimation reste prudente et nécessite des analyses complémentaires. Des symboles similaires étaient parfois placés à l’entrée de bâtiments communautaires, de tribunaux rabbiniques ou de synagogues, servant à rappeler l’obligation de la charité comme pilier central de la vie juive.

Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine, cette découverte prend une dimension particulière. Elle rappelle que, même au cœur des zones de combat, subsistent des traces silencieuses d’une histoire juive ancienne, souvent effacée par les violences, les déplacements forcés et les destructions successives. Pour beaucoup, ce fragment de « tsedaka » retrouvé près du front est à la fois un vestige du passé et un symbole de résilience spirituelle, surgissant là où on l’attendait le moins.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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