Bienvenue à Téhéran
En mai 2007, le Dr Benny Medvedev a embarquĂ© sur un vol de Turkish Airlines.  Le vol est parti de Tel-Aviv, a atterri Ă Istanbul Ă lâheure, ainsi que le vol de correspondance. « AprĂšs environ une heure et demie de vol, je mâendors. Soudain, lâhĂŽtesse de lâair me rĂ©veille et dit que nous avons un atterrissage, puis les Ă©crans annoncent que nous atterrissons Ă TĂ©hĂ©ran. Nous atterrissons avec le nez de lâavion vers le bas, littĂ©ralement dans un atterrissage forcĂ©. »
« Il me faut quelques secondes pour comprendre, puis jâenlĂšve ma ceinture et commence Ă marcher vers le cockpit », raconte Medvedev. LâhĂŽtesse de lâair mâarrĂȘte et me demande âquel est le problĂšme ?â Je lui dis : « La nationalitĂ© ». AprĂšs mon atterrissage, ils commencent Ă descendre tout le monde trĂšs rapidement. Soudain, deux personnes avec des costumes et un talkie-walkie arrivent et demandent « Qui est lâIsraĂ©lien ? », me pointent du doigt et me disent que je dois venir. Je leur dis que je ne descends pas de lâavion et lâhĂŽtesse de lâair et le pilote me disent : « Tu dois descendre, il y a un problĂšme technique avec lâavion » et ils me font descendre. »Â
« En arriĂšre-plan, vous avez une lampe fluorescente qui dit : Bienvenue Ă TĂ©hĂ©ran. Le grand point dâinterrogation est â que va-t-il se passer dans une minute ? Vous ĂȘtes vraiment impuissant. Jâai essayĂ© de penser si jâavais quelque chose dâĂ©crit dans HĂ©breu, quelque chose sur lâordinateur. Les pensĂ©es courent, tu es comme une souris dans un piĂšge », a-t-il dit. Medvedev sâest retrouvĂ© 24 heures sur 24 Ă lâaĂ©roport de TĂ©hĂ©ran. Il a refusĂ© de quitter le terrain pour lâhĂŽtel et a refusĂ© de tamponner son passeport israĂ©lien.
Au bout dâune journĂ©e, la panne est rĂ©parĂ©e, et lâavion dĂ©colle et atterrit en Inde. « Le consul dâIsraĂ«l Ă Mumbai mâattend, avec mon nom Ă©crit sur une grosse note et la premiĂšre question quâil me pose est âĂtes-vous le seul IsraĂ©lien ?â Je lui dis âouiâ, il demande âĂ quoi pensais-tu ?â Je lui ai dit, âIsraĂ©lien, en Iran, avec toutes les nouvelles Ă lâĂ©poque â je pensais Ă Ron Arad.' »Â
En 2001, lors dâun vol de lâAutriche vers lâAustralie, Luca voyage dans son cĆur. Lâavion atterrit plus tĂŽt que prĂ©vu et 5 IsraĂ©liens se retrouvent Ă lâaĂ©roport iranien pendant 27 heures. En 2014, sur un vol dâIstanbul vers lâInde, un passager sâest senti mal et pas moins de 20 IsraĂ©liens ont fait un atterrissage dâurgence Ă TĂ©hĂ©ran. Depuis lors, les relations entre IsraĂ«l et lâIran nâont fait que se dĂ©tĂ©riorer. Une longue sĂ©rie dâ assassinats attribuĂ©s Ă IsraĂ«l sur le sol iranien ces derniĂšres annĂ©es a considĂ©rablement accru la motivation iranienne Ă la vengeance. En particulier, pour tenter de kidnapper des IsraĂ©liens dans des opĂ©rations complexes Ă travers le monde.Â
« Je me suis rassemblĂ© Ă lâintĂ©rieur du siĂšge »
Bar Azoulai revenait de son voyage dans lâest aprĂšs lâarmĂ©e. Sur le chemin dâIstanbul, lâun des passagers a fait un arrĂȘt cardiaque. « Je vois que nous nous prĂ©parons Ă atterrir, je regarde la carte sur lâĂ©cran devant moi et je vois TĂ©hĂ©ran. Quand nous avons atterri, jâai rĂ©ussi Ă rattraper un instant lâhĂŽtesse de lâair. Elle sâest approchĂ©e de moi et je lui ai dit que je suis IsraĂ©lien et je ne peux pas ĂȘtre ici. Elle mâa dit que nous restons actuellement dans lâavion et quâelle nâa pas dâautres informations. ».
« Je me souviens de moi-mĂȘme blotti dans mon siĂšge, affalé », a dĂ©clarĂ© Azulai. « Je nâai pas de batterie sur mon tĂ©lĂ©phone, je nâavais aucun moyen de communiquer avec qui que ce soit. Je me suis dit que quoi quâil arrive, je ne bougerai pas de mon siĂšge. Des policiers se tenaient Ă lâextĂ©rieur de lâavion, jâavais trĂšs peur. Jâimagine quâune Ă©quipe de police arrive maintenant et peut-ĂȘtre quâils vont mâemmener. Jâai vĂ©cu les pires situations, les mauvaises choses, les plus grands cauchemars imaginables â il y a une situation oĂč je ne vois plus ma famille.Â
« A la rĂ©flexion, je ne fermerais pas ce vol », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Je me souviens avoir fermĂ© ce vol parce que câĂ©tait le moins cher et le plus pratique que jâai trouvĂ©. Jâai vu que câĂ©tait turc et je connaissais les risques encourus, mais je ne mâimaginais pas dans une telle situation. »Â
Je ne montre aucun signe de stress
Jeudi dernier, la soldate solitaire R termine une visite chez ses parents Ă Tachkent et monte Ă bord dâun Boeing 737 Ă destination de DubaĂŻ sur le chemin du retour en IsraĂ«l. Une heure et demie aprĂšs le dĂ©but du vol, lâun des passagers sâest senti mal et un peu aprĂšs 5h30 du matin, lâavion a effectuĂ© un atterrissage dâurgence dans la ville de Chiraz en Iran. « Lorsquâun passager est dans un avion depuis un territoire souverain, un territoire dans lequel il ne peut pas pĂ©nĂ©trer â bien sĂ»r, câest une considĂ©ration diffĂ©rente lorsquâil sâagit dâun pays ennemi. Un pays ennemi vous attaque et veut kidnapper quiconque se trouve Ă lâintĂ©rieur », a expliquĂ© le colonel de rĂ©serve. Eitan Ben Eliyahu, ancien commandant de lâarmĂ©e de lâair.
R. descend de lâavion pour lâaĂ©roport et envoie un message WhatsApp Ă ses parents et les met au courant. Celles-ci se tournent vers ses commandants, de lĂ , elle remonte au chef dâĂ©tat-major, au chef du Mossad et au Premier ministre. Une Ă©quipe dâaction est constituĂ©e, le personnel du Mossad la contacte et lui ordonne de ne pas se prĂ©senter comme IsraĂ©lienne, de se cacher. Marques les signes juifs, ne pas parler hĂ©breu et surtout â ne pas montrer de signes de pression.Â
Pour le vol, R. vient avec un passeport israĂ©lien, et elle nâest pas obligĂ©e de le prĂ©senter Ă lâaĂ©roport en Iran, nâest pas interrogĂ©e et nâest pas isolĂ©e des autres passagers. Mais les listes de passagers du vol sont entre les mains des Iraniens, et la comprĂ©hension en IsraĂ«l est quâils savent quâil y a un IsraĂ©lien ici. Selon toute probabilitĂ©, ils ne savent pas quâil sâagit dâune femme soldate.Â
« Lâensemble du systĂšme est entrĂ© dans une sorte dâalerte », a ajoutĂ© Talia Lankri, ancienne chef de la division antiterroriste du MAL. « Le premier problĂšme est notre capacitĂ© Ă crĂ©er des yeux, des oreilles et Ă comprendre ce qui se passe . Le deuxiĂšme enjeu est de produire une sorte de discours international des pays avec lesquels nous avons des relations. De cette façon, si quelque chose arrive, ce pays sait comment servir de mĂ©diateur, sait comment parler aux Iraniens et Ă dâautres endroits en fonction de ce qui est nĂ©cessaire. »
10 heures R est sur le sol iranien, Ă 15h30 lâavion dĂ©colle avec elle pour DubaĂŻ. Une demi-heure plus tard, elle embarque dĂ©jĂ sur un vol pour IsraĂ«l. Elle est interrogĂ©e par les agences de renseignement et retourne Ă sa base militaire. « Une soldate ordinaire ne peut pas voler jusquâĂ ces endroits », a soulignĂ© Lankri, « mais comme la soldate est une soldate solitaire et que ses parents vivent dans un pays voisin de lâIran, elle a sans aucun doute reçu lâautorisation. »
« Jâavais peur quâils me posent des questions sur lâarmĂ©e »
LâIran nâest pas le seul endroit oĂč les IsraĂ©liens ont atterri et se sont retrouvĂ©s en danger. Câest arrivĂ© Ă Riv Fisher, prĂ©sident de Playaist, il y a 12 ans lors dâun atterrissage dâurgence Ă Oman. « Nous embarquons sur un vol de BahreĂŻn Ă Katmandou, tout va bien. Je commence Ă sentir un bruit dans mes oreilles et lâhĂŽtesse de lâair signale quâil y a un problĂšme avec lâĂ©tanchĂ©itĂ© de la porte de lâavion et nous devons faire un atterrissage dâurgence Ă Oman. »
« Je lui ai demandĂ© : âCombien de temps cela prendra-t-il ?â Elle a dit quâelle ne savait pas, je lui ai dit que je suis israĂ©lien, et je crains ce quâils feront de moi. « Nous vĂ©rifions â ne vous inquiĂ©tez pas, ça ira », mâa-t-elle dit. Elle mâa informĂ© que je ne descendrais pas de lâavion. Je me souviens que les agents de sĂ©curitĂ© sont montĂ©s Ă bord et ont posĂ© des questions. Jâavais quelques inquiĂ©tudes, quâils me posent des questions sur lâarmĂ©e â vous pensez Ă ces choses. AprĂšs quelques heures, lâavion a Ă©tĂ© rĂ©parĂ© et Fisher a continuĂ© vers le NĂ©pal. MalgrĂ© cette expĂ©rience dĂ©sagrĂ©able, il dirige lui-mĂȘme une compagnie qui sâoccupe de faire voler des dizaines de milliers dâIsraĂ©liens au-dessus des pays ennemis dâIsraĂ«l, dont lâIran.Â
« Il est important dâexaminer les faits. Ă ce jour, rien nâest arrivĂ© Ă aucun IsraĂ©lien lors dâatterrissages dâurgence », note Fisher. « Nous parlons dâun trĂšs petit nombre de personnes Ă qui cela est arrivĂ©, et le monde fonctionne comme ça â toutes les compagnies aĂ©riennes Ă©trangĂšres, les compagnies aĂ©riennes du golfe Persique, passent par des pays avec lesquels IsraĂ«l nâa aucune relation. »Â
« Ce serait bien pour une compagnie aĂ©rienne qui vend un service Ă un passager et lâinforme sur quel pays il vole », a ajoutĂ© Midan Bar, prĂ©sident du syndicat des pilotes. atterrir maintenant dans un endroit oĂč vous ne pouviez pas vous rendre en tant que touristes, sachez que nous vous faisons confiance et sommes responsables de vous.Â
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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