Les dernières élections municipales ont été pour moi l’occasion d’un triste constat que je n’ai pas manqué de partager avec vous: la présence de la gauche aux affaires est génératrice d’une recrudescence de l’extrême droite, tout particulièrement s’agissant du FN.
Nous avons tous présents à l’esprit le choc perçu lors du suffrage d’avril 2002 avec la qualification du leader frontiste au second tour de ces élections présidentielles. Une présence due en grande partie à la décrépitude de la gauche en dépit d’un gouvernement de cohabitation dirigé par Lionel Jospin. Bien en amont, on retiendra l’arrivée massive de 35 députés FN en mars 1986 au sein de l’hémicycle sous l’ère mitterandienne, conséquence directe d’une promesse de campagne ayant aboutie au scrutin proportionnel, et appliquée aux élections législatives.
Pour en venir aux élections européennes, le FN connaît un de ses meilleurs scores en 1984 avec près de 11% des suffrages exprimés (10,95% exactement) toujours sous la présidence de François Mitterand, ce qui représente pour l’époque un véritable record de popularité.
On retiendra enfin que le FN obtiendra un score de 6,34% en 2009 pour parvenir aujourd’hui à un résultat historique de 25%
Ces dernières élections européennes ne font donc que confirmer cet état de fait. Avec une nuance de taille pour ce suffrage boudé des français: c’est le parti de l’extrême qui nous représentera en majorité au parlement européen. Ce parti de l’exclusion et de la xénophobie ayant fait de la sortie de l’euro et des institutions européennes son fonds de commerce électoral. Ce parti exploitant habilement, je dirai même avec opportunisme le mécontentement ambiant et le marasme économique, en vue de distiller ses idées nauséabondes aux faux airs de patriotisme.
L’Europe devra donc composer avec un paradoxe de taille : négocier avec des représentants étant à l’opposé de ce que suggère l’entente et le rassemblement européen.
Outre le caractère tragi-comique de cette situation, c’est tout le dispositif politique national qui en est ébranlé. Un appareil ayant perdu toute crédibilité auprès de nos compatriotes et qui continuera à nous discréditer auprès de toutes les nations.
Car, si l’on peut aisément supputer d’une stratégie savamment concoctée en son temps par François Mitterand en vue d’affaiblir la droite, et de masquer le dysfonctionnement de son parti, il n’en est rien de l’actuel gouvernement qui encaisse cette déconvenue de plein fouet pour s’en retrouver complètement hagard.
Se pose donc la question des responsabilités de nos dirigeants dans cette descente aux enfers politiques qui ne semblent nullement préoccupées par cette hécatombe. Tout au plus parlent-ils de séisme pour en attribuer aussitôt la faute à l’opposition sans exprimer la moindre remise en cause de leur gestion, encore moins celle de leur personne.
Faute d’une sérieuse restructuration de notre système politique, nous risquons de connaître très prochainement un bouleversement des comportements pouvant conduire à de sérieux mouvements populaires. Plus précisément populistes, tant ils seront soutenus voir encouragés par ceux-là même sensés prendre part au paysage politique, mais s’appliquant à en détourner sa noble teneur au service d’une volonté déstabilisatrice et destructrice.
Sans une profonde modification de cet appareil politique, notre pays pourrait sombrer dans le désarroi et le chaos.
Car sur fond de réaction populaire, c’est la question de la légitimité du pouvoir et de ses institutions qui surgit cruellement, prenant aujourd’hui une tournure et une évidence jusque-là encore contestables. Comment nos gouvernants pourront encore manifester une quelconque sérénité dans l’exercice du pouvoir, quand coup sur coup les suffrages confirment l’absence de confiance des français tant à l’égard du Président, que de son parti, tous deux placés au plus bas des sondages de satisfaction.
Alors chers dirigeants: il est grand temps d’assumer, de faire enfin preuve de maturité dans votre mode de gouvernance. Et au besoin de faire abstraction de vos petites personnes en acceptant de privilégier la cause nationale que vous prétendez servir.
Par Benjamin DAHAN pour Alyaexpress-News