L’incendie qui s’est déclaré sur le navire de guerre iranien « Kharj » a d’abord conduit à son abandon par ses membres d’équipage, puis à son naufrage dans le golfe d’Oman – au large des côtes du sud de l’Iran.
Le Kharj est un navire de ravitaillement de la marine iranienne, construit dans les chantiers navals britanniques et transféré à la marine iranienne en 1984. Les Iraniens ont légèrement modifié le modèle britannique et y ont ajouté principalement des capacités de stockage ainsi que la possibilité d’atterrissage d’hélicoptères à bord. Le Kharaj, tout au long de ses années de service, a été un navire majeur de la marine iranienne, non équipé de navires de pointe et ses capacités opérationnelles pas du tout impressionnantes.
En février 2011, en tant que commandant de la marine, les Iraniens ont décidé de faire la démonstration d’une capacité dite navale et ont envoyé le Kharj, accompagné d’un autre navire militaire, dans le port de Lattaquié dans le nord de la Syrie – pour effectuer des manœuvres navales présumées avec la marine syrienne. Ce voyage était essentiellement un défi à Israël et aux États-Unis, et une soi-disant démonstration de puissance prouvant que « nous sommes une flotte naviguant partout dans le monde ».
Nous avons suivi en permanence les navires iraniens lorsqu’ils sont entrés dans la mer Rouge, puis dans le canal de Suez et la Méditerranée. Le Kharaj a quitté le canal de Suez et a navigué vers le nord le long des côtes de l’État d’Israël dans les eaux internationales. Il était clair pour nous que les Iraniens profiteraient du voyage du Kharaj pour transporter des missiles et des armes vers la Syrie, mais nous n’avions pas de raison suffisante de subir l’épreuve du droit international pour lui nuire et il y avait des plates-formes de forage et des navires, opérant dans les eaux économiques à cette fin.
La surveillance et l’escorte du voyage du Kharaj vers le nord ont été effectuées par des moyens divers et variés tout au long de la nuit pour s’assurer qu’il naviguait bien de bonne foi vers le port syrien. La marine israélienne était en alerte et prête à réagir à n’importe quel scénario. Bien sûr, le Kharaj savait que nous la suivions de près et, en fait, tout l’incident s’est déroulé sans bruit. Le lendemain matin, une grande image en gros plan du Kharaj a été placée sur mon bureau, assis au centre de la vue d’un des navires de la Marine qui le suivait. Nous étions en effet préparés à tout scénario. Sur le chemin du retour également, le Kharaj était sous notre surveillance, et cet incident s’est également déroulé dans le calme.
Il n’y a pas un seul marin au monde qui serait heureux de voir des images de l’incendie ou de la fin d’un autre navire, même s’il appartient à vos plus grands ennemis. Ainsi, nous aussi, ce jour-là, regardons les images et espérons que les navires navigueront en toute sécurité et atteindront leur destination en toute tranquillité.
Eliezer « Eli » Marom, né le 13 novembre 1955 à Sde Eliezer, est un général de l’armée de défense d’Israël. Il a notamment occupé le poste du commandant de la marine israélienne entre 2007 et 2011.