Jérusalem, 17 juin 2025 –
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a adressé ce lundi matin une lettre officielle au chef par intérim du Shin Bet (Service de sécurité générale), exprimant une vive inquiétude face à un phénomène jugé alarmant : la diffusion en direct, par certains médias étrangers, des sites où se sont abattus récemment des missiles sur le territoire israélien.

Dans un contexte de guerre tendue avec l’Iran, et alors que le territoire israélien continue de faire l’objet de tirs réguliers, le ministre dénonce ce qu’il considère comme une atteinte directe à la sécurité de l’État. « Malgré l’interdiction explicite de filmer ou de diffuser les lieux d’impact, certains organes de presse étrangers choisissent délibérément d’agir à l’encontre de cette directive, mettant en péril la vie des citoyens israéliens », peut-on lire dans la lettre.

Une infraction sécuritaire grave

Selon Ben Gvir, la diffusion en temps réel de ces images n’est pas anodine : « En filmant et en diffusant en direct les zones touchées, ces chaînes donnent à l’ennemi — en l’occurrence l’Iran ou ses alliés — des informations précieuses sur la précision de leurs tirs. Cela permet aux agresseurs d’ajuster leur trajectoire lors de futures attaques, augmentant potentiellement le bilan humain et matériel. »

Le ministre a rappelé que de telles images, largement relayées sur les plateformes numériques internationales, violent les règles de la censure militaire et peuvent même contrevenir à la législation israélienne en matière de sécurité nationale. Il précise que cette menace ne relève pas uniquement d’une question médiatique, mais bien d’un « comportement irresponsable » susceptible de porter atteinte aux opérations en cours et à la défense du territoire.

Une coordination entre la police et le Shin Bet

Dans sa missive, Ben Gvir exhorte le Shin Bet à exercer son autorité pour empêcher toute nouvelle transgression. Il affirme par ailleurs avoir eu un échange ce matin avec le commissaire de police, au terme duquel il a été convenu que la police israélienne « assistera sans réserve le Shin Bet dans l’exécution de cette mission ». Les deux institutions devraient donc travailler de concert pour repérer, prévenir et éventuellement sanctionner les équipes de tournage étrangères qui contreviennent à ces règles.

Ce type de coordination n’est pas sans précédent. En temps de guerre, les forces de l’ordre, les services de sécurité intérieure et la censure militaire coopèrent étroitement pour contenir la diffusion d’informations sensibles, particulièrement sur les réseaux sociaux où le contrôle est plus difficile à exercer.

Des précédents récents

La question n’est pas théorique. Ces derniers jours, alors que plusieurs missiles ont frappé des zones civiles à Haïfa, Petah Tikva et Bat Yam, des images filmées à proximité immédiate des lieux d’impact ont circulé sur les chaînes satellitaires internationales et sur YouTube. Certaines d’entre elles montraient avec précision les dégâts causés, la disposition des bâtiments alentour, ainsi que les réactions des premiers secours — des détails que l’armée israélienne considère comme des indices exploitables par l’ennemi.

Selon des sources au sein du ministère, une chaîne arabophone bien connue aurait transmis en direct des images depuis Bat Yam à peine quinze minutes après l’explosion qui a coûté la vie à six personnes. Cette diffusion, bien que saluée pour sa rapidité dans certains cercles journalistiques, est jugée en Israël comme une « faute stratégique lourde ».

Le dilemme entre liberté de la presse et sécurité nationale

Ce développement soulève également un débat de fond sur la liberté de la presse en temps de guerre. Les journalistes, notamment étrangers, invoquent le devoir d’informer et le droit à la transparence. Du côté israélien, les autorités mettent en avant le principe de « censure défensive » et la nécessité d’empêcher l’ennemi de tirer avantage du journalisme de terrain.

La lettre de Ben Gvir n’évoque pas directement la possibilité de restreindre ou d’expulser des journalistes étrangers, mais son ton ferme pourrait augurer de mesures plus coercitives si les avertissements ne suffisent pas.

Un avertissement clair pour l’avenir

En conclusion de sa lettre, le ministre avertit : « Il ne s’agit pas d’une simple divergence d’approche ou de désaccord bureaucratique. Nous parlons ici d’une véritable menace pour nos soldats, nos familles et notre souveraineté. Nous ne pouvons pas permettre que des caméras malintentionnées ou imprudentes deviennent les yeux de nos ennemis. »

Le Shin Bet n’a pour l’heure pas réagi officiellement à cet appel. Toutefois, plusieurs analystes israéliens estiment que cette coordination entre la sécurité intérieure et la police devrait être rapidement mise en œuvre, et pourrait inclure des actions sur le terrain dès les prochains jours, notamment dans les zones les plus vulnérables du centre et du nord du pays.

La guerre continue, et avec elle, la bataille de l’information. Pour Israël, celle-ci se joue autant dans les airs que sur les écrans.