Une décision rabbinique inattendue vient de secouer le marché de la cacherout en Israël. Le rav Ofir Malka a décrété que l’utilisation du célèbre distributeur d’eau Tami 4, dans sa nouvelle version, est interdite le Chabbat pour l’eau froide, en raison d’un risque d’interdiction biblique de « borer » (séparer). Une annonce qui pourrait obliger des milliers de foyers religieux à revoir leurs pratiques.
Dans son émission « Halakha Lemassé » sur Radio Kol HaHaï, le rav Malka a révélé les conclusions d’une série de tests menés en coopération avec la société Strauss, fabricante du Tami 4. Si l’appareil satisfait pleinement aux exigences pour l’eau chaude, grâce à une capacité renforcée et un système de détartrage respectant le Chabbat, le problème réside dans les filtres de l’eau froide.
Selon ses explications, ouvrir le robinet du Tami 4 le Chabbat pousse les eaux stagnantes et impures accumulées dans le filtre à traverser le système, un processus assimilable à un tri interdit. « Dans un des filtres testés, l’eau sortie était jaunâtre, impropre à la consommation », a averti le rav.
Trois points problématiques
L’analyse s’est concentrée sur trois aspects :
- Les dépôts stagnants : dans certains filtres, les premiers jets contenaient de l’eau sale, ce qui revient à purifier un liquide impur.
- Les couches de textile (levad) : en pressant le filtre, de l’eau marron s’en échappait, preuve que des particules de rouille et de sable restaient piégées.
- La notion de “séchage” : même lorsque l’eau semblait claire, le fait que le textile filtre et retienne des résidus pourrait, selon certains décisionnaires comme le Pri Megadim, relever d’une extraction assimilée à « borer ».
Un appel à des solutions techniques
Le rav Malka a conclu qu’il était interdit d’utiliser l’eau froide de l’appareil le Chabbat, sauf si l’on dispose d’un système de dérivation manuelle du filtre (okef sanen). Il a exhorté les consommateurs religieux à exiger l’installation gratuite d’un tel dispositif par la société, afin d’éviter toute transgression.
Cette décision intervient alors que le Tami 4 est présent dans des centaines de milliers de foyers israéliens, notamment dans le public religieux. Les réactions ne se sont pas fait attendre : certains saluent une clarification halakhique nécessaire, d’autres craignent une campagne déstabilisatrice pour la cacherout industrielle.
Au-delà de la question technique d’un filtre à eau, cette controverse illustre un phénomène plus large : la confrontation permanente entre innovation technologique et exigences de la halakha. Dans un pays où la cacherout régit aussi bien les cuisines que les appareils électroménagers, la moindre faille technique peut devenir un enjeu spirituel, économique et social.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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