Tournant majeur dans la politique arabe israélienne : Mansour Abbas annonce la rupture avec la Choura et les “Frères musulmans”

Mansour Abbas annonce une rupture historique entre Ra’am, la Choura et la mouvance des Frères musulmans afin de créer des institutions indépendantes. Un séisme politique dans la société arabe israélienne.

Un véritable tremblement de terre politique secoue ce soir la société arabe israélienne. Mansour Abbas, président du parti Ra’am et député à la Knesset, a annoncé lors d’un entretien à l’émission “Rencontrez la presse” que sa formation rompait officiellement ses liens avec la Mouassat al-Choura, ainsi qu’avec la mouvance internationale des “Frères musulmans”, afin de construire des structures politiques indépendantes et autonomes. Une décision historique, qui pourrait redéfinir en profondeur l’identité et la stratégie de Ra’am à l’approche des prochaines élections.

Selon Abbas, cette rupture répond à une volonté claire : sortir d’un cadre politico-religieux perçu comme limitant et s’engager dans une ligne pragmatique, civique et détachée d’influences extérieures. « Il est temps de bâtir des institutions pleinement indépendantes pour notre parti », a-t-il affirmé. « Nous voulons agir avec responsabilité nationale et citoyenne, sans dépendance à des acteurs externes. »

Cette décision intervient dans un contexte où les pressions se multiplient, tant au sein de la communauté arabe qu’à l’extérieur, pour que Ra’am s’éloigne définitivement des courants associés à la mouvance des Frères musulmans, largement considérée comme un élément déstabilisateur dans la région. Le repositionnement stratégique annoncé par Abbas marque une volonté de consolider une politique plus modérée, structurée autour de revendications socio-économiques, plutôt qu’autour d’identités idéologiques transnationales.

Le sujet est d’autant plus sensible que, deux semaines auparavant, le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait salué la décision du président américain Donald Trump de classer les “Frères musulmans” comme organisation terroriste. Netanyahou avait alors affirmé que ce mouvement représente « un danger grave pour la stabilité du Moyen-Orient » et rappelé que l’État d’Israël avait déjà interdit l’une de ses branches, avec l’intention de compléter ce processus prochainement.

Dans la foulée, les responsables de la mouvance islamique en Israël ont cherché à se démarquer de l’organisation internationale, insistant sur le fait qu’ils ne lui sont liés « ni organisationnellement ni politiquement ». Le cheikh Safwat Frej, président de la Choura et dirigeant de la mouvance islamique sudiste, avait alors déclaré : « Nous ne sommes affiliés aux Frères musulmans ni idéologiquement ni institutionnellement. Nous opérons dans un cadre indépendant, tant sur le plan organisationnel que communautaire. »

Cette clarification faisait écho à une décision majeure prise en 2015 par le cabinet de sécurité israélien : l’interdiction du flanc nord du Mouvement islamique dirigé par le cheikh Raed Salah. Déclaré entité illégale, ce courant avait été expulsé de la sphère publique, ses activités criminalisées et ses biens pouvant être saisis. Depuis cette interdiction, le flanc sud – auquel appartient Ra’am – avait adopté une posture plus modérée, évitant soigneusement toute rhétorique radicale.

Dans ce contexte, l’annonce d’Abbas représente potentiellement une nouvelle étape historique : non seulement un désengagement symbolique de la mouvance islamique globale, mais peut-être aussi un repositionnement stratégique visant à ancrer Ra’am dans le jeu politique israélien mainstream. En rompant avec la Choura et en affirmant une indépendance idéologique et institutionnelle, Abbas cherche clairement à repositionner son parti comme une force politique influente, centrée sur l’intégration, le développement socio-économique et la participation active aux coalitions gouvernementales.

Si ce virage se confirme dans la pratique, il pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère dans la politique arabe israélienne, marquée par une autonomie accrue, moins de dépendances religieuses externes, et une volonté de jouer un rôle déterminant dans l’équilibre parlementaire israélien. Reste à voir comment cette décision sera accueillie par la base électorale de Ra’am, traditionnellement attachée aux structures religieuses mais également sensible aux progrès concrets obtenus ces dernières années sur le terrain social et municipal.

Une seule chose est certaine : l’annonce de Mansour Abbas marque un moment charnière qui pourrait profondément transformer les dynamiques internes de la société arabe israélienne et redessiner les rapports de force au sein du système politique national.


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https://www.kolhazman.co.il / https://www.srugim.co.il (selon dépêche initiale)


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