Nous sommes souvent résignés à l’immobilisme du spirituel, une inertie qui est relative à notre projection aux compositions psychiques de notre propre esprit. Généralement nous ne pouvons nous défendre de croire en notre manière de penser.

L’immobilisme du spirituel fait que l’apathie peut ankyloser l’intellect, de sorte qu’au lieu d’avoir à l’esprit des pensées légitimes, fermement établies en conscience, nous conservons par habitude des pensées embrouillées et pas forcément nécessaire qui n’ont guère d’explication.

La routine entretient le spirituel dans des ornières dont on ne sort que très péniblement. Cela requiert une prodigieuse acuité d’esprit, un vif éblouissement, une perpétuelle appétence intellectuelle et spirituelle pour que l’esprit reste inlassablement acéré. Sinon, il oserait appréhender ce qui lui est purement familier comme une certitude sans appel, ce qui est communément perçu comme ce qui devrait être intellectuellement acceptable.

En résumé : croire en des pré-jugés de manière incongrue et étourdie.

C’est la flemme spirituelle qui encourage le conservatisme des idées reçues, ce conservatisme que nous ne remettons jamais en question car inquiets de tout bouleversement dans notre quotidien. Nous évitons de trop réfléchir par nous-mêmes, nous préférons dire et penser ce qui se dit et ce qui se pense.

Le conservatisme est une tournure de la foi où l’esprit s’est assoupi dans la routine.

Plus insidieuse est la nécessité de croire à tout prix, l’épuisement de l’esprit critique abandonne le champ libre à la crédulité et la crédulité peut adopter un aspect pour ainsi dire pathologique dans certains cas.

Qu’est-ce que la crédulité ? Un comportement dans lequel l’esprit ingurgite des idées reçues sans aucune interrogation.

On raconte que l’enfant est naturellement candide. Sincèrement il est aisé de le duper et l’adulte le berne souvent. L’enfant est solitaire avec son exigence de comprendre chaque chose et c’est grâce à ce qu’il nous entend lui répondre qu’il se construit au fur et à mesure. Toutefois, l’enfant en vrai est plutôt naïf, ce qui fait qu’il ouvre de grands yeux pour tout ce qui est nouveau. Ce qui est véridique dans son rapport à la société, c’est sa naïveté. Une conscience naïve est sans aucune pensée préétablie, innocente de tout préjugé.

La naïveté consent à une relation innocente, neuve au monde. La naïveté seule peut abriter ce qui est toujours neuf, en Hébreu il s’appelle « Tam » mais veut surtout dire « Intègre ».

La crédulité est tout autre, elle est une figure illogique de la pensée, disposée à croire plus ou moins à tout et à n’importe quoi, en clair le crédule accepte sans explications, mais pas forcément gratuitement.

L’adulte est un crédule mais à l’opposé de l’enfant, il a interrompu depuis longtemps son lien avec la naïveté.

Le naïf est surpris devant le monde sans pour autant sentir de nécessité à se rassurer; or la majorité d’entre nous, bien au contraire, sommes crédules quand il y a en nous une exigence émotionnelle de croire pour être tranquille.

Or, c’est une chose que de vouloir entendre ce qui nous surprend, ce qui engage la fraîcheur de la naïveté vis-à-vis de ce qui est, tout cela est très différent pour ceux qui s’évertuent à se consoler entre les bras de la croyance.

Si je ne recherche qu’à me soulager, je suis donc à priori disposé à accepter tout ce qui garantit mon opulence spirituelle, ce qui veut dire contenter mes inclinations, donc très souvent à m’offrir des illusions.

Ma croyance est là pour m’éclairer, elle n’est pas là pour me réconforter.