Trump encense l’émir du Qatar : l’Occident ferme-t-il les yeux sur les parrains du jihad ?

Alors que le président américain Donald Trump salue l’émir du Qatar comme « l’un des grands dirigeants du monde », les observateurs du Moyen-Orient s’interrogent sur l’amnésie politique d’une partie de l’Occident face au rôle ambigu de Doha. Car l’émirat gazier, devenu incontournable sur la scène diplomatique, reste aussi l’un des principaux bailleurs de fonds de la mouvance islamiste internationale.

Le contraste est saisissant. Sur les clichés récents, on aperçoit l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani aux côtés du chef du Hamas, Khaled Mashaal, souriant et détendu. Une image que beaucoup en Israël n’ont pas oubliée. Mashaal, figure historique du terrorisme palestinien, fut l’architecte des vagues d’attentats suicides et de tirs de roquettes qui ont ensanglanté Israël depuis deux décennies. Et c’est bien à Doha que lui et d’autres dirigeants du Hamas vivent aujourd’hui dans des résidences de luxe, sous la protection de l’État qatari.

« Le Qatar n’a jamais cessé de financer le jihad », rappelle le commentateur Amir Tsarfati dans un message relayé ce dimanche matin. « C’est l’Amérique qui a cessé d’en parler. »
Les faits lui donnent raison : depuis plus de quinze ans, Doha a versé des centaines de millions de dollars dans la bande de Gaza, sous couvert d’aide humanitaire. Ces fonds, acheminés avec l’accord de Washington et de Jérusalem, devaient servir à payer les salaires des fonctionnaires et à reconstruire les infrastructures civiles. En réalité, une large part a alimenté les caisses du Hamas et financé l’arsenal de la terreur.

Un double jeu assumé

Officiellement, le Qatar se présente comme un « médiateur » incontournable dans tous les conflits régionaux : il a hébergé les négociations entre les talibans et les États-Unis, accueilli des pourparlers sur le nucléaire iranien, et maintient des relations officielles avec Israël via ses intermédiaires. Mais derrière cette façade diplomatique, Doha a offert un refuge doré à des figures radicales : prêcheurs des Frères musulmans, cadres d’Al-Qaïda et propagandistes anti-occidentaux.

Les chaînes qataries, à commencer par Al-Jazeera, ont longtemps servi de tribune à ces mouvances. Sous prétexte d’équilibre éditorial, elles ont diffusé sans filtre les discours de cheikhs prônant la guerre sainte. En 2014 déjà, un rapport du Trésor américain désignait des ressortissants qataris comme « principaux collecteurs de fonds d’Al-Qaïda » dans la région du Golfe. Aucun n’a jamais été inquiété.

Washington entre cynisme et dépendance

Pourquoi alors cette indulgence persistante ? Parce que le Qatar détient des leviers considérables. La base aérienne d’Al-Udeid, près de Doha, abrite le quartier général du CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. Couper les ponts avec l’émirat reviendrait à perdre un pivot stratégique majeur dans la lutte contre l’Iran et dans la logistique régionale.

Donald Trump, qui fut jadis l’un des rares dirigeants occidentaux à dénoncer publiquement le financement du terrorisme par Doha, semble aujourd’hui vouloir réécrire cette page. En saluant l’émir Al-Thani comme un « grand dirigeant du monde », il envoie un signal déroutant à ses alliés israéliens et à son électorat évangélique, traditionnellement attaché à une ligne de fermeté contre l’islamisme.
« Avons-nous perdu la raison ? », s’interroge l’activiste américaine Amy Mek, dans un message virulent sur X. « Le Qatar n’a pas changé, c’est Washington qui a cessé de dire la vérité. »

Une amnésie coupable

L’influence qatarie dépasse la sphère militaire. Elle s’étend aux universités occidentales, aux clubs de football européens, aux médias, et jusqu’aux think-tanks américains. Ce soft power habilement orchestré masque une réalité implacable : l’émirat continue d’abriter et de financer les réseaux idéologiques qui nourrissent le terrorisme moderne.

Pour Israël, la complaisance américaine pose un dilemme moral. Comment accepter qu’un allié majeur des États-Unis protège ceux qui ont planifié le massacre du 7 octobre ? À Jérusalem, nombre d’officiels estiment que Doha « joue sur tous les tableaux » : fournisseur de rançons, interlocuteur des services secrets et complice des terroristes.
Le général (réserviste) Amos Yadlin résumait récemment sur Infos-Israel.News : « Le Qatar n’est pas un médiateur neutre ; c’est un partenaire du Hamas qui parle le langage de la diplomatie pour gagner du temps. »

Le prix du silence

Le paradoxe est désormais total : tandis que les États-Unis s’érigent en champions de la lutte contre le terrorisme, ils applaudissent un régime qui protège les cerveaux du jihad mondial.
Et si le véritable danger, pour le monde libre, résidait moins dans les ennemis déclarés que dans les alliés opportunistes ?

Ce renversement moral interroge. Il traduit une perte de repères où les impératifs économiques et stratégiques priment sur la vérité. Dans cette confusion volontaire, les victimes du terrorisme — Israéliens, Américains ou Européens — sont reléguées au second plan d’une diplomatie du cynisme.
Trump, qui aime se présenter comme l’homme de la clarté et de la force, devra tôt ou tard choisir : applaudir les « grands dirigeants » du monde, ou défendre sans concession ceux qui en subissent la terreur.


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