Les propos du président français Emmanuel Macron ont été assombris par les célébrations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, qui se sont déroulées ce week-end en France. La semaine dernière, le président a offert de rendre hommage à Henri Philippe Petain, qui a mené la France à la victoire en 1918, mais a également dirigé le régime de Vichy qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

À la suite des critiques, l’ordre du jour a mis fin à tout projet d’inclure le nom de Pétain aux côtés des généraux français de la guerre, qui ont été honorés lors d’une cérémonie qui s’est tenue samedi en France. La déclaration a toutefois rouvert les blessures passées de la France, principalement le fait que le régime de Vichy avait indépendamment promu une législation anti-juive et assumé la responsabilité de la déportation de dizaines de milliers de Juifs français.

La preuve la plus significative de cela se trouve dans le musée de la Shoah à Paris. Ses archives documentent un document officiel de 1940 avec des remarques écrites avec l’écriture de Pétain, prouvant qu’il a personnel-lement joué un rôle crucial dans la répression et la persécution des Juifs de France.

Le document a été révélé en 2010 par Serge Klarsfeld, chasseur de nazis et érudit français renommé de l’Holocauste. Une partie de celle-ci avait été publiée dans les médias à l’époque, mais elle a depuis été oubliée. À la fin de la semaine, François Heilbronn, vice-président du musée, a donné à Haaretz un aperçu complet du document, dans le contexte du regain d’intérêt de Petain pour l’Holocauste.

Un examen du document, qui était un projet de la nouvelle législation anti-juive, suggère que Pétain est intervenu pour aggraver la situation des Juifs personnellement, bien que cela ne soit pas nécessaire. Ainsi, alors que le gouvernement français voulait à l’origine ne pas imposer de restrictions aux descendants des Juifs nés en France ou naturalisés avant 1860, Pétain effaça cette ligne de son écriture et s’assura que la situation de tous les Juifs français s’aggraverait sans exception.

« L’écriture de Petain a été vérifiée par les historiens, ce qui est certain et ses corrections aggravent le texte », a déclaré Heilbronn à Haaretz.

Pour lire le document complet :

La déclaration de Macron selon laquelle « il est parfaitement légitime de chérir les généraux qui nous ont menés à la victoire », y compris Pétain, qu’il a décrit comme « un grand soldat de la Première Guerre mondiale », n’a pas été évoquée dans le vide. Après la guerre, Pétain fut condamné à la peine capitale (il fut commué et mourut en prison à la fin de sa peine), mais des années plus tard, sa mémoire, y compris les présidents de la République, plaçait chaque année une fleur sur sa tombe le jour de l’armistice marquant la fin de la Première Guerre mondiale.

La pratique a été arrêtée en 1992 lorsque le président François Mitterrand, lui-même ministre de Vichy, s’est rendu aux pressions publiques et s’est arrêté. En 1995, le président Jacques Chirac a davantage encouragé la confrontation de la France avec son passé en admettant que la France, en tant que pays, était responsable de la déportation des juifs pendant la Shoah.

Cependant, au cours des dernières années, il y a eu une régression sur le sujet, centrée sur une tentative de purger le nom de Pétain, en particulier par l’extrême droite en France. Marine Le Pen a écrit pour louer un livre publié cette année. Il en va de même d’Arik Zemour, l’écrivain et journaliste de droite qui affirmait dans un livre récent que Pétain avait tenté de sauver la France et ses Juifs des nazis. Les deux livres ont eu beaucoup de succès en France.

En réponse aux critiques, Macron a déclaré : « Je ne cache aucune partie de l’histoire », ajoutant qu’il avait tenté de rappeler le tableau complexe. « C’était un grand soldat, c’est la réalité », a-t-il déclaré, « alors que la vie politique, tout comme la nature humaine, est parfois plus complexe que nous voudrions le croire ».

Les critiques de Macron craignent que sa déclaration ne renforce les éléments extrémistes dans le pays. « Le problème, c’est que cette déclaration vient du président de la république », a déclaré au Washington Post, Laurent Joly, un historien français spécialisé dans le régime de Vichy. Il a déclaré que Macron avait ramené la France des décennies en arrière et effacé le consensus qui existait depuis 1992.