David Kelsey, un publiciste de New York, a Ă©tĂ© troublĂ© dâapprendre une prĂ©tendue prise de contrĂŽle de la congrĂ©gation orthodoxe historique de Budapest, en partie Ă cause de ses racines juives hongroises. Ainsi, lorsquâil sâest rendu dans la ville le mois dernier, il a dĂ©cidĂ© dâenquĂȘter sur la situation par lui-mĂȘme.
Son timing était étrangement impeccable.
Le deuxiĂšme matin de sa visite, aprĂšs avoir passĂ© du temps Ă Ă©couter les membres de la communautĂ©, il les a trouvĂ©s rassemblĂ©s devant les portes verrouillĂ©es de la synagogue historique de la rue Kazinczy, interdites dâentrĂ©e par la nouvelle direction.
Les photographies quâil a prises sur les lieux montrent un homme ĂągĂ© priant assis sur une poubelle renversĂ©e dans la rue, et le capot dâune voiture servant de meilleure surface disponible pour dĂ©poser des livres de priĂšres et des vĂȘtements rituels.
« Le fait que le vieil homme digne ait dĂ» utiliser la poubelle comme chaise mâa vraiment montrĂ© Ă quel point tout cela Ă©tait dĂ©gradĂ© et dĂ©goĂ»tant », a dĂ©clarĂ© Kelsey. « Tout cela Ă©tait trĂšs Ă©trange et horrible. Ils souffraient tellement. Et si triste. ⊠JâĂ©tais tellement en colĂšre. »
Tensions entre communauté locale, Habad
Kelsey avait Ă©tĂ© tĂ©moin dâune escalade dans une saga qui se dĂ©roule depuis plus de deux ans. Des membres de la CommunautĂ© juive orthodoxe autonome de Hongrie , qui gĂšre la synagogue de la rue Kazinczy et plusieurs autres institutions, accusent le mouvement hassidique Chabad dâusurper le contrĂŽle de leur groupe â et de son financement et de ses biens immobiliers â avec lâaide du gouvernement hongrois. Trois tribunaux religieux ont dĂ©cidĂ© que les changements de leadership devaient ĂȘtre annulĂ©s ou suspendus, mais un tribunal laĂŻc sâest rangĂ© du cĂŽtĂ© des Habad.
Les reprĂ©sentants de Chabad ont rejetĂ© Ă plusieurs reprises lâallĂ©gation dâune prise de contrĂŽle de lâorganisation orthodoxe, connue sous son acronyme hongrois MAOIH. Ils disent que le groupe reste indĂ©pendant et que la direction actuelle a pris sa place lĂ©gitimement Ă travers le processus formel du MAOIH.
« Chabad nâa pas et nâa pas lâintention de âprendre le contrĂŽleâ de MAOIH, quoi que cela signifie », a dĂ©clarĂ© lâorganisation officielle de Habad en Hongrie dans un communiquĂ©.
Mais lâancien prĂ©sident du MAOIH, RĂłbert Deutsch, a dĂ©clarĂ© que les rabbins identifiĂ©s Ă Habad ont profitĂ© du processus dans le cadre dâune prise de pouvoir dĂ©libĂ©rĂ©e. Il dit quâil leur avait initialement fait confiance et leur avait donnĂ© un levier quâils ont finalement exploitĂ© pour prendre le contrĂŽle.
« Jâai Ă©tĂ© trahi, a dĂ©clarĂ© Deutsch. « Jâassume totalement la responsabilitĂ© dâĂȘtre amical avec ces personnes et de leur faire entiĂšrement confiance. Mais câest une chose trĂšs triste pour moi de rĂ©aliser que vous ne pouvez pas faire confiance mĂȘme Ă la personne la plus religieuse. Ils se soucient de gagner autant que possible financiĂšrement, mĂȘme sâils doivent dĂ©truire une communautĂ© locale. Et pour moi, câest un tel mal.
Aujourdâhui, un groupe de Juifs hongrois sâest organisĂ© en une « sorte dâorganisation de guĂ©rilla », comme lâa dit un membre, pour rĂ©sister Ă la prĂ©tendue prise de pouvoir.
« Nous nous appelons âShomrei Hadasâ, ce qui signifie âgardiens de la foiâ », a dĂ©clarĂ© le membre, PĂĄl HegedƱs, professeur de mathĂ©matiques Ă lâUniversitĂ© de technologie et dâĂ©conomie de Budapest. « Câest le nom original de lâorthodoxie ici dâil y a 150 ans. Nous utilisons ce nom et essayons dâĂȘtre actifs dans les mĂ©dias et dans la vie publique.
La rĂ©fĂ©rence historique rappelle quâun centre autrefois majeur de la communautĂ© juive orthodoxe a Ă©tĂ© dĂ©cimĂ© par lâHolocauste et, plus tard, sous le rĂ©gime communiste, encore rĂ©duit par lâĂ©migration. Le nombre de membres du MAOIH Ă©tait tombĂ© Ă environ 50 personnes avant la rĂ©cente controverse, et la synagogue nâavait pas de rabbin dĂ©vouĂ© et de nombreux dysfonctionnements, selon plusieurs tĂ©moignages. Mais le groupe possĂ©dait toujours un statut officiel lui donnant droit Ă un financement gouvernemental ainsi quâĂ une multitude dâinstitutions, dont une Ă©cole et une maison de retraite, et Ă des biens immobiliers enviables.
Le joyau de ses avoirs est peut-ĂȘtre la synagogue de la rue Kazinczy, une structure Art nouveau qui a Ă©tĂ© achevĂ©e en 1913 et a survĂ©cu Ă la Seconde Guerre mondiale relativement intacte avant de tomber en ruine pendant lâĂšre communiste. La rĂ©novation plus rĂ©cente en a fait une destination touristique, avec un restaurant casher sur place servant des plats traditionnels ashkĂ©nazes et hongrois, mĂȘme sâil a continuĂ© Ă fonctionner comme une synagogue orthodoxe.
Comme MAIOH, Chabad gĂšre un portefeuille dâinstitutions en Hongrie et reçoit un financement gouvernemental pour le faire. Son objectif dans le pays est le mĂȘme quâailleurs : rapprocher le plus de Juifs possible de leur religion. Pour soutenir cette mission, le mouvement a mis en place des services pour la communautĂ© juive du pays, notamment une Ă©cole, une boucherie casher et un mikveh, ou bain rituel. Il exploite Ă©galement plusieurs synagogues dans et autour de Budapest.
Mais alors que Chabad a augmentĂ© le nombre de Juifs sâengageant dans les institutions et les pratiques juives dans certains des endroits oĂč il opĂšre, ce nâest pas ce qui sâest passĂ© jusquâĂ prĂ©sent dans la rue Kazinczy.
Elle a fermĂ© les portes de la synagogue le 20 juillet, disant quâelle devait faire des rĂ©novations. Les membres de Shomrei Hadas et Deutsch disent que le facteur dĂ©clenchant Ă©tait diffĂ©rent : ils ont dit que la fermeture sâest produite aprĂšs quâune faction du MAIOH qui nâa pas reconnu la nouvelle direction a recrutĂ© un nouveau rabbin dâun groupe hassidique diffĂ©rente. Ils disent Ă©galement quâaucun bruit de construction ne peut ĂȘtre entendu de lâintĂ©rieur du complexe de la synagogue et notent quâun panneau placĂ© Ă lâextĂ©rieur invite les visiteurs et les touristes Ă entrer dans le sanctuaire principal moyennant des frais.
AprĂšs que les photographies de Kelsey aient circulĂ© sur les rĂ©seaux sociaux et au milieu dâun tollĂ© gĂ©nĂ©ral dans la communautĂ©, les nouveaux dirigeants alignĂ©s avec le mouvement Chabad ont Ă©rigĂ© une clĂŽture et un Ă©chafaudage devant lâentrĂ©e prĂ©tendument, selon Shomrei Hadas, pour empĂȘcher la poursuite du culte. Le groupe a dĂ©clarĂ© que la directive provenait du rabbin GĂĄbor Keszler, qui a autorisĂ© les membres de la communautĂ© Ă utiliser temporairement un restaurant casher adjacent quâil avait Ă©galement fermĂ©.
« Câest une manifestation claire de la double mesure des Habad », a dĂ©clarĂ© Zev Paskesz, le chef de Shomrei Hadas, qui prĂ©tend ĂȘtre le chef lĂ©gitime du MAOIH, dans un communiquĂ©. âSi vous ĂȘtes un visiteur, vous pouvez acheter des billets pour la grande shul et daven de Kazinczy, mais si vous ĂȘtes un simple membre de la communautĂ© orthodoxe, vous nâĂȘtes pas autorisĂ© Ă entrer dans la grande shul de Kazinczy.â
Paskesz et de nombreux autres membres de la communautĂ© juive locale pensent que les Ă©vĂ©nements rĂ©cents font partie dâune stratĂ©gie dĂ©libĂ©rĂ©e visant Ă modifier et Ă monopoliser les institutions et les pratiques religieuses de la communautĂ© juive hongroise. Selon ce point de vue, Habad, un mouvement de sensibilisation juif orthodoxe mondial mais dĂ©centralisĂ© basĂ© Ă Brooklyn, a agi pour prendre le contrĂŽle de lâimmobilier de MAOIH et de son allocation annuelle dâenviron 1 million de dollars de financement gouvernemental en tant que lâune des trois communautĂ©s juives officiellement reconnues en Hongrie.
Les deux autres sont Chabad lui-mĂȘme, agissant par lâintermĂ©diaire de lâAssociation des communautĂ©s juives hongroises ou EMIH, et le mouvement juif nĂ©olog libĂ©ral dirigĂ© par un groupe appelĂ© Mazsihisz. Le judaĂŻsme orthodoxe est relativement petit en Hongrie et la grande majoritĂ© des quelque 100 000 Juifs du pays sont reprĂ©sentĂ©s par Mazsihisz.
Andras Heisler, lâancien dirigeant de Mazsihisz, sâest rendu sur Facebook en mai pour fulminer contre la prĂ©tendue prise de contrĂŽle, quâil a qualifiĂ©e de « pĂ©chĂ© contre le judaĂŻsme ».
Les rabbins alignĂ©s Chabad qui dirigent maintenant MAOIH nâont pas rĂ©pondu aux questions. Par lâintermĂ©diaire dâun porte-parole, lâEMIH a refusĂ© une demande dâentretien avec son dirigeant et a fourni des rĂ©ponses aux questions Ă©crites par e-mail, niant les allĂ©gations.
« Naturellement, les deux communautĂ©s orthodoxes ont des liens Ă©troits lâune avec lâautre, tous les enfants orthodoxes apprennent dans les institutions Habad (y compris celles affiliĂ©es au MAOIH), et il y en a beaucoup qui sont membres des deux communautĂ©s, etc. », a dĂ©clarĂ© lâEMIH. « Pourtant, lĂ©galement, il y a deux communautĂ©s, deux entitĂ©s indĂ©pendantes. Le complexe de la synagogue de la rue Kazinczy nâappartient pas Ă lâEMIH affiliĂ© Ă Chabad et nous nâavons aucune autoritĂ© sur lui.
Autres accusations dâempiĂ©tement impliquant le mouvement Habad
Les accusations dâempiĂ©ter sur les institutions existantes et de tenter de les reprendre ont longtemps harcelĂ© Chabad alors que le mouvement sâest rapidement dĂ©veloppĂ© au cours des derniĂšres dĂ©cennies. En 2005, par exemple, un rabbin en Russie a dĂ©clarĂ© quâil avait Ă©tĂ© contraint de remettre la congrĂ©gation quâil avait Ă©tablie Ă la FĂ©dĂ©ration des communautĂ©s juives de Russie, affiliĂ©e Ă Habad.
Des histoires similaires ont Ă©tĂ© rapportĂ©es en Ukraine, en RĂ©publique tchĂšque, au Massachusetts et ailleurs. Dans certains cas, cependant, les communautĂ©s qui avaient vu leurs institutions dĂ©cliner ont invitĂ© les rabbins Habad Ă prendre le relais et se sont rĂ©jouis de lâinfusion dâune nouvelle Ă©nergie, comme ce fut le cas Ă Buenos Aires en 2005 et Ă Biloxi, Mississippi, en 2020. la dynamique est que de nombreux Ă©missaires Habad viennent dans leur communautĂ© dâadoption avec peu ou pas de financement et font face Ă une pression Ă©norme pour Ă©tablir rapidement une prĂ©sence.
Pour les affiliĂ©s de longue date de MAIOH, le changement de direction de leur organisation ne reflĂšte pas seulement un modĂšle, mais une stratĂ©gie. Ils croient que lâalliance entre le grand rabbin de Chabad en Russie, Berel Lazar, et le prĂ©sident russe, Vladimir Poutine, est une source dâinspiration directe pour la tactique de Chabad en Hongrie. Le rabbin ShlomĂł Köves, chef de lâEMIH et grand rabbin de Chabad en Hongrie, a nouĂ© des liens Ă©troits avec le gouvernement du Premier ministre hongrois Viktor OrbĂĄn.
Les critiques pensent que Habad a reçu un traitement favorable en Ă©change du silence face Ă lâautoritarisme qui, selon eux, a caractĂ©risĂ© le rĂ©gime dâOrbĂĄn, y compris le blanchiment de la complicitĂ© hongroise dans lâHolocauste et la rhĂ©torique contre le financier juif amĂ©ricano-hongrois George Soros. Une mesure possible de la position de Habad est lâargent que le gouvernement verse dans une universitĂ© parrainĂ©e par Habad.
Se rĂ©fĂ©rant aux liens de Chabad avec Poutine en Russie, un membre de Shomrei Hadas qui a refusĂ© dâĂȘtre identifiĂ© par crainte de reprĂ©sailles a dĂ©clarĂ© : « Ils veulent crĂ©er le mĂȘme modĂšle en Hongrie ».
Selon Sue Fishkoff, une journaliste qui a beaucoup Ă©crit sur le mouvement, il nâest pas rare que Habad suscite la controverse et entretienne des liens Ă©troits avec des reprĂ©sentants du gouvernement lorsquâil cherche Ă sâĂ©tendre.
« Lorsque Chabad sâinstalle dans une nouvelle communautĂ©, lâun de ses premiers actes est de se prĂ©senter aux mĂ©dias locaux et aux dirigeants politiques en tant que reprĂ©sentant de la communautĂ© juive locale », a dĂ©clarĂ© Fishkoff. « GĂ©nĂ©ralement, les Ă©missaires appellent les mĂ©dias pour donner des interviews sur une prochaine fĂȘte juive et invitent le maire ou un autre Ă©lu à « allumer » la menorah de Hanoucca. Tout cela fait partie de la valeur que le mouvement accorde au fait de sâentendre avec le gouvernement, donc de « rester en dehors de la politique », alors quâen fait, soutenir le gouvernement en place, câest prendre une position politique. Sans surprise, rien de tout cela ne cadre bien avec les autres congrĂ©gations juives de la rĂ©gion. »
EMIH nâa pas rĂ©pondu aux questions de JTA concernant ses relations avec le gouvernement hongrois.
Lâhistoire de la prĂ©tendue prise de contrĂŽle commence en janvier 2021 lorsque RĂłbert Deutsch a Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de la congrĂ©gation. PropriĂ©taire dâune entreprise de fournitures dentaires Ă la fin de la cinquantaine, Deutsch avait dĂ©cidĂ© de briguer le poste dans lâespoir dâamĂ©liorer une communautĂ© quâil croyait peu accueillante et embourbĂ©e dans un dĂ©sarroi financier et spirituel.
« Nous avons hĂ©ritĂ© de quelque chose pour lequel nos ancĂȘtres ont travaillĂ© trĂšs dur. Il a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ© et dĂ©truit aprĂšs lâHolocauste. Quand jâai pris la relĂšve, mon intention Ă©tait de nettoyer les dĂ©gĂąts et de construire un bel endroit », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Je nâai pas pris de salaire. Je voulais juste consacrer mon temps et mon Ă©nergie Ă le transformer en un lieu florissant.
Il souhaitait Ă©galement ouvrir la communautĂ© Ă davantage de personnes, y compris Chabad, avec qui il avait entretenu « de bonnes relations Ă long terme ». Les Chabadniks lâont aidĂ© dans sa transition personnelle de laĂŻc Ă religieux et il sâest tournĂ© vers ses amis de Chabad pour obtenir de lâaide.
« ShlomĂł Köves Ă©tait trĂšs proche de moi. Il Ă©tait lĂ pour mâaider lorsque mon pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ© », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Quand jâai pensĂ© Ă courir, je suis allĂ© le voir et il mâa beaucoup soutenu et mâa dit : âNous pouvons faire beaucoup de choses ensemble.' »
Deutsch a embauchĂ© deux personnes qui lui avaient Ă©tĂ© rĂ©fĂ©rĂ©es par ses contacts Habad pour aider Ă diriger MAOIH â de nouveaux visages pour revigorer la communautĂ©, pensait-il. Il finira par les accuser dâavoir fomentĂ© un « coup dâĂtat » contre lui.
BientĂŽt, environ 35 nouvelles personnes ont postulĂ© pour rejoindre lâorganisation. Selon Shomrei Hadas, ils Ă©taient tous des employĂ©s de lâabattoir casher de Csengele, qui est gĂ©rĂ© par lâEMIH affiliĂ© Ă Habad. Mais comme lâorganisation nâavait pas de rabbin communautaire ni de quorum de membres du conseil dâadministration en place, ils nâauraient pas pu ĂȘtre inscrits conformĂ©ment aux statuts du groupe, allĂšgue Shomrei Hadas.
Deutsch considĂ©rait les nouveaux arrivants comme des membres, mais pas son adhĂ©sion dâorigine, ce qui a provoquĂ© la scission de lâorganisation en deux factions. Chaque faction a continuĂ© Ă fonctionner de maniĂšre indĂ©pendante, en tenant des rĂ©unions, en Ă©lisant les membres du conseil dâadministration et, dans le cas de la faction liĂ©e Ă Habad, en apportant des modifications aux statuts.
La faction liĂ©e Ă Habad a Ă©galement commencĂ© Ă recruter des dizaines de membres supplĂ©mentaires avec la coopĂ©ration de Deutsch mais sans son contrĂŽle, ce quâil finirait par regretter. « La plupart dâentre eux ou peut-ĂȘtre tous ne sont mĂȘme jamais allĂ©s en Hongrie, ne parlent pas hongrois », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Ils nâont aucun lien avec la communautĂ© juive hongroise. »
Pour rĂ©cupĂ©rer leur organisation auprĂšs des dirigeants affiliĂ©s Ă Habad quâils considĂ©raient comme illĂ©gitimes, les membres de la communautĂ© se sont tournĂ©s vers les tribunaux rabbiniques de Budapest et de JĂ©rusalem et vers le tribunal affiliĂ© Ă la ConfĂ©rence des rabbins europĂ©ens. Et ils ont gagnĂ©, tous les tribunaux ordonnant lâannulation des dĂ©cisions rĂ©centes ou au moins le maintien du statu quo jusquâĂ ce quâune enquĂȘte puisse ĂȘtre achevĂ©e. Ils avaient mĂȘme rĂ©ussi Ă faire basculer Deutsch de leur cĂŽtĂ© et Ă le convaincre de ce quâils avaient toujours cru : Chabad nâĂ©tait pas intĂ©ressĂ© Ă donner mais Ă prendre.
Lorsque lâaffaire a Ă©tĂ© portĂ©e devant les autoritĂ©s hongroises, la conclusion opposĂ©e Ă celle des tribunaux religieux a Ă©tĂ© tirĂ©e. Le gouvernement a rapidement reconnu les nouveaux dirigeants affiliĂ©s Ă Habad. Le rĂ©sultat est contestĂ©, mais les membres de Shomrei Hadas disent quâils ne sâattendent pas Ă un renversement Ă©tant donnĂ© la subordination du systĂšme judiciaire au gouvernement. Deutsch, qui soutient gĂ©nĂ©ralement le gouvernement hongrois et loue ses relations avec la communautĂ© juive, estime quâil sâest trompĂ© dans cette affaire et aurait dĂ» sâen remettre aux autoritĂ©s religieuses â les tribunaux rabbiniques â sur une question communautaire interne.
Keszler, qui a remplacĂ© Deutsch au sommet de la faction liĂ©e Ă Habad, nâa pas rĂ©pondu aux questions. Mais dans une annonce de mai Ă la congrĂ©gation, Keszler a soutenu que le conflit Ă©tait personnel. Il a dĂ©clarĂ© que les plaintes de Deutsch Ă©taient motivĂ©es par le dĂ©sir de couvrir son propre dossier de mauvaise gestion.
« Nous sommes convaincus que le combat personnel de RĂłbert Deutsch nuit Ă la perception du judaĂŻsme et de lâorthodoxie et cause des dommages matĂ©riels et moraux irrĂ©versibles Ă la communautĂ© religieuse », a dĂ©clarĂ© Keszler dans son annonce.
Pour les affiliĂ©s de longue date du MAIOH, les Ă©vĂ©nements rĂ©cents sont loin dâĂȘtre personnels : ils rĂ©sonnent dans le champ de lâhistoire juive en Hongrie. Kelsey a dĂ©clarĂ© quâen regardant les fidĂšles Ă lâextĂ©rieur de la synagogue verrouillĂ©e, il a trouvĂ© les Ă©chos historiques indubitables.
« JâĂ©tais conscient que Habad portait avec succĂšs le coup final Ă une congrĂ©gation qui avait survĂ©cu Ă la fois aux nazis et aux communistes », a-t-il dĂ©clarĂ©.
Deutsch lâa formulĂ© de la mĂȘme maniĂšre. « Des dĂ©cennies aprĂšs lâHolocauste Ă Budapest, les Juifs ne sont pas autorisĂ©s Ă prier dans leur synagogue », a-t-il dĂ©clarĂ©. « MĂȘme pendant le communisme, ils y Ă©taient autorisĂ©s. Maintenant, un autre groupe juif vient dĂ©truire un endroit oĂč ils prient et leur ferme les portes. »
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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