Le nouveau programme national de dépistage précoce du cancer du poumon, entré en vigueur en Israël en septembre 2025 dans le cadre du panier de santé, marque une étape majeure dans la lutte contre l’une des maladies les plus meurtrières du pays. Destinée aux fumeurs et anciens fumeurs âgés de 65 à 74 ans, cette initiative vise à identifier à un stade très précoce une pathologie qui, bien souvent, ne provoque aucun symptôme avant d’être déjà avancée. Dans un pays où le cancer du poumon représente près de 20 % des décès par cancer chez les hommes et 12 % chez les femmes, ce dépistage constitue une avancée médicale et sociétale essentielle.
Le cancer du poumon reste un fléau mondial. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle qu’il s’agit du cancer le plus meurtrier, causant chaque année plus de 1,8 million de décès. En Israël, la maladie touche principalement les fumeurs actuels ou anciens, et son taux de mortalité élevé s’explique par un diagnostic souvent tardif. Dans la majorité des cas, les patients ne présentent des symptômes qu’à un stade où la maladie s’est déjà propagée à d’autres organes, rendant les options curatives limitées.
Données OMS – Cancer du poumon :
https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/cancer
Le dépistage mis en place consiste en une tomodensitométrie thoracique (CT scan) à faible dose de radiation, réalisée sans injection de produit de contraste. Ce type d’imagerie permet de détecter des nodules pulmonaires minuscules, potentiellement cancéreux, bien avant l’apparition des symptômes. L’examen est rapide, indolore et ne nécessite aucune préparation particulière. Les experts en radiologie soulignent que cette technique, déjà utilisée dans plusieurs pays occidentaux, a démontré qu’elle réduit significativement la mortalité, en permettant une intervention à un stade précoce, souvent opérable.
Rôle du dépistage CT à faible dose – Institut National du Cancer (France) :
https://www.e-cancer.fr
L’intégration du dépistage dans le panier de santé israélien résulte du succès d’un programme pilote baptisé TIGAR, mené sur deux années. Ce projet avait pour objectif d’évaluer la capacité des infrastructures de santé du pays à absorber un dépistage national à grande échelle. Les résultats se sont révélés très encourageants : sur une centaine de participants, trois cas de cancer ont été détectés à un stade précoce, confirmant l’intérêt vital du programme. Pour les experts en santé publique, ces données locales ont renforcé les conclusions des études internationales selon lesquelles le dépistage par CT à faible dose peut sauver des vies lorsque la sélection du public cible est rigoureuse.
Selon le nouveau dispositif, les candidats au dépistage doivent être âgés de 65 à 74 ans, être fumeurs ou anciens fumeurs ayant arrêté depuis moins de quinze ans, et cumuler au moins vingt « années-pack », une mesure correspondant au nombre de cigarettes fumées par jour multiplié par le nombre d’années de consommation. Ainsi, un individu ayant fumé une boîte par jour pendant vingt ans ou deux boîtes pendant dix ans répond aux critères. Les médecins de famille peuvent désormais envoyer directement une recommandation pour l’examen, dont la prise en charge est intégrale.
Informations officielles – Ministère israélien de la Santé :
https://www.health.gov.il
Les résultats du dépistage sont classés selon le système international Lung-RADS, qui évalue le niveau de suspicion basé sur la taille, la forme et la densité des nodules détectés. Les catégories 1 et 2 indiquent une absence de risque ou un risque très faible, tandis que les catégories 3 et 4 nécessitent un suivi rapproché, voire des investigations complémentaires comme une nouvelle imagerie, une biopsie ou une consultation en réunion multidisciplinaire. Ce protocole permet d’éviter les interventions inutiles tout en identifiant rapidement les cancers potentiels.
Au-delà de l’aspect médical, ce dépistage représente un véritable défi organisationnel. Le pays doit mobiliser un réseau de radiologues formés spécifiquement à la lecture des images à faible dose, renforcer les infrastructures hospitalières et garantir que les patients puissent être orientés rapidement vers des spécialistes en cas de résultat suspect. Les équipes médicales soulignent que la détection précoce ne suffit pas : elle doit s’accompagner d’une prise en charge rapide et d’un accès équitable aux soins.
Un autre enjeu majeur concerne l’adhésion du public. Les experts ont constaté que de nombreux fumeurs hésitent à se faire dépister par crainte du diagnostic ou par sentiment de culpabilité lié au tabagisme. Certains redoutent également que le dépistage ne mène à des interventions invasives inutiles. Les autorités de santé rappellent pourtant que la majorité des nodules détectés sont bénins et que l’examen CT à faible dose reste un outil non invasif et fiable. Elles soulignent également que les radiologues travaillent en collaboration avec des pneumologues, oncologues et chirurgiens thoraciques pour éviter toute surmédicalisation.
Organisation du dépistage – American Lung Association :
https://www.lung.org
La sensibilisation du public constitue donc un levier essentiel. Les autorités encouragent notamment les enfants de fumeurs âgés à convaincre leurs parents de passer l’examen, en soulignant que de nombreux diagnostics précoces à l’étranger ont été obtenus grâce à l’initiative de proches. En Israël, où les familles jouent un rôle central dans les décisions de santé, cette stratégie pourrait s’avérer particulièrement efficace.
Le dépistage précoce du cancer du poumon s’inscrit également dans un contexte plus large : celui de l’innovation médicale israélienne. Les chercheurs travaillent déjà à intégrer des outils d’intelligence artificielle capables d’analyser les images CT, de comparer automatiquement les examens successifs et d’identifier des anomalies qui échapperaient à l’œil humain. Ces systèmes pourraient à terme améliorer la précision diagnostique, réduire les erreurs de lecture et accélérer le traitement des patients.
Intelligence artificielle et imagerie médicale – Nature :
https://www.nature.com/articles
Pour beaucoup d’Israéliens, ce programme symbolise une philosophie de santé publique fondée sur la prévention et non uniquement sur le traitement. Dans un pays où la pression sécuritaire et géopolitique occupe souvent le devant de l’actualité, cette avancée rappelle que la santé des citoyens reste un pilier national. Offrir aux fumeurs et anciens fumeurs une chance d’être diagnostiqués à temps, c’est leur donner la possibilité de vivre plus longtemps, mais aussi d’alléger à long terme le fardeau économique et émotionnel des maladies graves sur les familles et sur le système de santé.
En somme, ce nouveau dépistage constitue un investissement vital dans l’avenir, en espérant qu’il encouragera davantage de personnes à arrêter de fumer, à se faire dépister et à prendre en main leur santé. Dans une société israélienne résiliente et tournée vers l’innovation, ce programme représente un message d’espoir : celui d’une longue vie rendue possible grâce à un petit examen.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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