Au début de la deuxième Intifada en 2001, le Hamas et le Fatah avaient mis en place une puissante infrastructure terroriste en Judée Samarie. Israël n’a réussi à mettre fin aux attaques palestiniennes qu’en réoccupant le territoire. De même, affirme Evelyn Gordon, le seul moyen de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas et à d’autres attaques serait de réoccuper la bande de Gaza – à un prix que peu d’Israéliens sont aujourd’hui prêts à payer :

[Réoccuper] Gaza aurait des coûts très élevés – dans la vie des soldats, dans l’opprobre international et peut-être aussi dans la détermination d’Israël à assumer la responsabilité des problèmes civils de Gaza… Aucune démocratie ne pourrait entreprendre un plan aussi coûteux sans un large soutien de la part du public, et en particulier d’Israël, car toute opération militaire majeure nécessite un appel massif de réservistes, et les réservistes israéliens ont tendance à voter avec leurs pieds. Ils se présenteront en masse pour une opération bénéficiant d’un large soutien, mais une opération largement considérée comme injustifiée suscitera des protestations majeures…

Mais avec l’option non disponible de réoccuper Gaza, les deux options principales restantes sont des solutions à court terme. L’une est une opération militaire à plus petite échelle. La dernière opération de ce type, en 2014, a procuré au sud d’Israël trois ans et demi de calme quasi total, mais au prix (pour Israël) de 72 morts. Une autre opération de ce type pourrait entraîner une période de calme similaire, mais à un coût similaire, voire supérieur. Et cela devrait être répété dans quelques années, à ce moment-là, le Hamas sera peut-être mieux armé et capable d’exiger un prix encore plus élevé.

La deuxième option, que le premier ministre Netanyahou préfère évidemment, consiste à négocier un cessez-le-feu à long terme. Cela pourrait permettre d’acheter une période de calme similaire, mais comme elle n’a pas encore été essayée, il n’y a aucune garantie. Et cela présente plusieurs avantages évidents : pas de mort, pas d’opprobre international et, vraisemblablement, un soutien accru en Israël (bien que, à en juger par le passé, pas à l’étranger) en faveur d’une réponse plus énergique une fois le cessez-le-feu effondré, comme ce sera le cas à un moment donné.

Mais cette option présente également des inconvénients évidents. Tout d’abord, c’est dévastateur pour la dissuasion israélienne, car cela montre que le lancement de roquettes est un bon moyen d’amener Israël à capituler face aux demandes. Deuxièmement, cela garantit que lorsque l’inévitable prochain round arrivera, le Hamas sera en mesure d’infliger beaucoup plus de dégâts qu’il ne le pourrait aujourd’hui… L’une ou l’autre de ces options ne ferait que retarder l’inévitable : sauf miracle, le Hamas deviendra trop confiant et suscitera suffisamment d’angoisse pour l’inciter à réoccuper Gaza.

Par Evelyn Gordon