Une déclaration brève, mais lourde de sens. Lors d’un entretien accordé à la presse étrangère, l’ambassadeur des États-Unis en Israël a surpris en affirmant que Washington « ne soutient plus » certaines décisions prises par le gouvernement israélien. Si les propos restent volontairement vagues, leur écho est retentissant. Ils traduisent une tension croissante entre les deux alliés historiques, au cœur d’un contexte régional inflammable et d’une pression diplomatique internationale croissante sur l’État hébreu.

Mais de quoi s’agit-il exactement ? Et quelles conséquences cette phrase, apparemment anodine, pourrait-elle avoir pour Israël et ses partenaires ?

Une déclaration calculée, mais choquante

Les mots choisis par l’ambassadeur ont été :
« Nous avons été clairs avec nos partenaires israéliens : certaines orientations actuelles ne reçoivent plus notre soutien. »

Interrogé sur le sujet, il a refusé de nommer spécifiquement les politiques visées. Mais les observateurs n’ont guère de doutes : il s’agit de la gestion de la guerre à Gaza, des constructions en Judée-Samarie (Cisjordanie), et du traitement politique de l’Autorité palestinienne.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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Dans les milieux diplomatiques israéliens, l’effet a été immédiat. Un haut responsable du ministère des Affaires étrangères a confié anonymement :

« Ce genre de phrase ne sort pas sans l’aval de Washington. C’est une forme de mise en garde. »

Des tensions croissantes entre les alliés

Malgré l’amitié historique entre Israël et les États-Unis, les derniers mois ont été marqués par des désaccords croissants, notamment avec l’administration Biden. En cause :

  • Les suites de la guerre du 7 octobre, où Israël mène une offensive contre le Hamas à Gaza,
  • Le refus israélien de laisser l’Autorité palestinienne reprendre le contrôle de Gaza,
  • Les nouvelles implantations juives en Cisjordanie, dénoncées par Washington comme « un obstacle à la paix ».

Face à ces désaccords, l’administration américaine a multiplié les signaux, appelant Israël à plus de « retenue », à faire preuve de « proportionnalité », et à offrir une « perspective politique » aux Palestiniens. Jusqu’ici, Jérusalem a défendu sa ligne sécuritaire avec fermeté, soulignant le droit inaliénable d’Israël à se défendre.

La position d’Israël : un devoir de survie

Du point de vue israélien, les attentes américaines sont parfois déconnectées de la réalité du terrain. Le Hamas n’a pas été éradiqué, les tirs de roquettes se poursuivent par vagues, et les tunnels terroristes réapparaissent régulièrement malgré les efforts militaires.

De plus, l’Autorité palestinienne, présentée comme une alternative par Washington, est considérée en Israël comme faible, corrompue, et incapable d’assurer la sécurité dans les territoires. Confier Gaza à Ramallah reviendrait, selon de nombreux responsables israéliens, à reproduire l’erreur de 2005 – avec le retrait unilatéral qui a conduit à l’arrivée du Hamas.

Dans ce contexte, Israël n’a pas l’intention de ralentir : ni sur le front militaire, ni dans la consolidation de sa souveraineté sur les zones contestées. Le gouvernement estime que c’est le moment ou jamais de restaurer la dissuasion, quitte à s’aliéner certains partenaires.

Un message politique avant les élections américaines ?

La déclaration de l’ambassadeur américain pourrait également être une manœuvre électorale voilée. Joe Biden entre en campagne pour sa réélection, et la pression de l’aile gauche du Parti démocrate se fait de plus en plus forte. Nombreux sont les militants progressistes qui demandent la fin de l’aide militaire inconditionnelle à Israël, l’imposition de « lignes rouges », voire des sanctions en cas de non-respect.

En envoyant ce message via son ambassadeur, Biden cherche peut-être à rassurer sa base sans rompre publiquement avec Jérusalem. Un équilibre précaire, mais typique des relations entre les deux alliés lorsque la politique intérieure américaine s’en mêle.

Réaction à Jérusalem : retenue, mais fermeté

Le gouvernement israélien, visiblement surpris par le ton du message, a adopté une position mesurée mais déterminée. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a rappelé que « la sécurité d’Israël n’est pas négociable » et que « toute pression extérieure ne détournera pas l’État hébreu de ses devoirs envers ses citoyens ».

Le ministre des Affaires étrangères a quant à lui demandé une clarification auprès de l’ambassade américaine, tout en assurant que « l’alliance entre Israël et les États-Unis demeure forte et basée sur des intérêts communs profonds ».

Le soutien populaire à la ligne gouvernementale

Malgré les critiques de certains segments politiques et de la communauté internationale, une majorité d’Israéliens soutient la ligne actuelle de fermeté. Les sondages montrent que plus de 60 % des citoyens estiment qu’il ne faut ni ralentir l’offensive à Gaza, ni céder sur la question des implantations.

Le souvenir du 7 octobre reste brûlant, et la population demande avant tout la sécurité, la stabilité et la justice. Dans ce contexte, la déclaration de l’ambassadeur américain est perçue par beaucoup comme malvenue, voire insultante.

L’impact sur la coopération militaire ?

Un point crucial reste en suspens : la coopération militaire et technologique entre Israël et les États-Unis peut-elle être affectée ? Officiellement, l’administration Biden continue de soutenir Israël sur le plan défensif : livraison d’intercepteurs pour le Dôme de Fer, coordination sécuritaire, partage de renseignements.

Mais en arrière-plan, certains experts redoutent que des livraisons soient ralenties, ou que des conditions supplémentaires soient imposées sur l’usage des armes américaines. Cela pourrait avoir un impact direct sur les capacités d’Israël à maintenir sa supériorité militaire face à des ennemis comme l’Iran, le Hezbollah ou le Hamas.

Israël doit-il envisager un plan B ?

Cette situation pousse certains stratèges israéliens à plaider pour une diversification des alliances stratégiques. Les relations avec l’Inde, le Japon, les Émirats arabes unis ou même certains pays d’Afrique deviennent de plus en plus importantes. Le message est clair : Israël est prêt à coopérer avec tout pays qui respecte ses besoins existentiels.

Mais cela ne signifie pas une rupture avec Washington. Au contraire, la volonté affichée est de renforcer la relation en la rendant plus réaliste et équilibrée, sans céder aux caprices électoraux ou idéologiques.

Conclusion : un moment de vérité entre alliés

La phrase « Nous ne soutenons plus cela » est un avertissement. Mais pour Israël, c’est aussi une opportunité de réaffirmer son autonomie, sa souveraineté, et ses principes. L’alliance avec les États-Unis reste vitale, mais elle ne peut se faire au prix d’un renoncement à la sécurité nationale.

Le peuple d’Israël sait que, dans ce monde instable, sa survie dépend de sa force morale et de sa capacité à rester maître de son destin. Et si l’histoire a montré une chose, c’est qu’Israël sait tenir bon, même quand ses amis doutent.