Par la rédaction de Infos Israel News
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Alors que le Moyen-Orient traverse l’une de ses périodes les plus instables depuis des décennies, le président français Emmanuel Macron a tenté ce week-end une percée diplomatique en s’entretenant par téléphone avec le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, fraîchement élu à la tête du régime des mollahs. Objectif affiché : réactiver les négociations nucléaires entre Téhéran et les puissances européennes. Tout cela avant l’attaque américaine en Iran.
Mais derrière les intentions affichées de paix et de diplomatie, nombreux sont ceux, à Jérusalem comme à Washington, qui s’interrogent : la France agit-elle comme un médiateur honnête, ou bien tente-t-elle une nouvelle fois de s’imposer dans un dossier où ses intérêts économiques priment sur les enjeux sécuritaires ?
Un échange téléphonique sous tension
Dans un tweet officiel, Macron a révélé que les deux chefs d’État s’étaient entretenus « longuement » et qu’ils étaient parvenus à un accord pour accélérer les pourparlers sur le nucléaire iranien, actuellement suspendus avec les États-Unis. Toutefois, Macron a tenu à réaffirmer son opposition claire à une bombe iranienne :
« L’Iran ne doit jamais accéder à l’arme nucléaire. Elle doit fournir toutes les garanties que son programme est pacifique », a-t-il écrit.
Macron a également plaidé pour une « sortie diplomatique » du conflit régional, appelant implicitement Israël à modérer ses frappes tout en condamnant à mots couverts les provocations de Téhéran. Ce double langage, bien connu de l’Élysée, a de quoi irriter certains alliés d’Israël.
Téhéran inflexible : « Notre droit à la technologie nucléaire est non-négociable »
Du côté iranien, le président Pezeshkian a campé sur des positions bien connues. Il a insisté sur le caractère prétendument pacifique du programme nucléaire de son pays et a mis en garde :
« Si les attaques israéliennes se poursuivent, notre réponse sera encore plus sévère. »
Le régime, tout en discutant avec les Européens, refuse catégoriquement de reprendre les pourparlers directs avec les États-Unis, accusant ces derniers de complicité dans les frappes israéliennes. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, l’a clairement exprimé lors de récentes négociations à Genève avec les représentants du groupe E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni).
Les Européens cherchent à sauver un accord moribond
Le groupe E3, soutenu par le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, espère encore sauver ce qui reste de l’accord de 2015 (JCPOA), abandonné par l’administration Trump en 2018. Mais dans le contexte actuel — frappes israéliennes intensives, menaces des Houthis, tension avec le Hezbollah — la poursuite de la diplomatie semble illusoire.
D’autant que les Européens ne disposent ni de l’autorité militaire, ni de la crédibilité stratégique suffisante pour faire plier Téhéran. Pour certains observateurs israéliens, cette initiative française n’est qu’un écran de fumée destiné à maintenir des intérêts commerciaux avec l’Iran, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie.
Les otages oubliés : une autre facette de l’entretien
Macron a également profité de son échange pour exiger la libération de deux ressortissants français emprisonnés en Iran depuis trois ans, Cécile Kohler et Jacques Paris. Ce dossier humanitaire, discret jusqu’ici, illustre les méthodes de chantage du régime iranien, qui utilise systématiquement des étrangers comme monnaie d’échange politique.
Réactions israéliennes : prudence et scepticisme
A Jérusalem, l’initiative de Macron est accueillie avec froideur. Le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou n’a pas officiellement réagi, mais des sources diplomatiques font état d’un profond scepticisme quant à la volonté réelle de l’Iran de désescalader. Un haut responsable israélien a même confié anonymement :
« L’Iran parle aux Européens pour gagner du temps, pendant qu’il continue d’enrichir de l’uranium et de planifier des attaques. »
En conclusion : un pari risqué pour la France
En tentant de réactiver un dialogue gelé, Emmanuel Macron prend un risque diplomatique majeur : apparaître comme celui qui tend la main à un régime accusé d’alimenter le terrorisme, de réprimer son peuple, et de menacer ses voisins. Sans un engagement clair de Téhéran à cesser ses agressions contre Israël, il est peu probable que l’opinion publique française ou les alliés occidentaux soutiennent pleinement cette démarche.
Et comme le rappelle un éditorialiste israélien :
« Tôt ou tard, Paris devra choisir entre la morale et les marchés. »
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