Par Infos-Israel.News – 29 juin 2025
Douze jours ont suffi à Israël pour redéfinir les règles du jeu au Moyen-Orient. L’opération « Avec la force du lion » contre les infrastructures stratégiques iraniennes n’a pas seulement bouleversé Téhéran. Dans les capitales du Golfe, la sidération s’est mêlée à une inquiétude profonde : Israël n’a plus de limites apparentes.
Si certains, à huis clos, applaudissent le résultat militaire, les diplomates de plusieurs pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) ont confié leur malaise au Daily Telegraph. L’un d’eux a même parlé d’une « puissance incontrôlable », décrivant une Israël devenue imprévisible, dérangeante, déroutante… et pourtant indispensable.

De l’ennemi commun à la menace silencieuse ?
Pour beaucoup d’États du Golfe, Israël incarnait l’ultime rempart contre l’Iran nucléaire. Pendant des années, Riyad, Abou Dhabi et même Doha, ont murmuré aux oreilles de Washington – et discrètement à celles de Tel-Aviv – qu’il fallait « couper la tête du serpent ».
Mais voilà qu’Israël a agi – et seule. Résultat : un double vertige. D’une part, la réussite militaire est éclatante : des cibles neutralisées, des généraux éliminés, une guerre évitée de justesse avec les États-Unis hors du champ de bataille. D’autre part, la démonstration de force a laissé les monarchies pétrolières dans un sentiment de perte de contrôle sur l’équilibre régional.
« Netanyahou n’a plus de freins »
Un responsable sécuritaire de la région a déclaré au Telegraph :
« Israël peut désormais frapper n’importe qui, n’importe où. Et Netanyahou semble prêt à le faire. Que se passera-t-il si, demain, il juge que nos intérêts gaziers au large du Qatar, partagés avec l’Iran, sont une menace indirecte ? »
Ce n’est pas une accusation en l’air : Israël voit dans Doha un sanctuaire pour le Hamas. Et pour une partie du leadership émirati, cette proximité entre Qatar et Téhéran justifie certaines craintes exprimées aujourd’hui.
Les masques tombent : des remerciements discrets au double discours
Officiellement, l’Arabie saoudite a condamné l’attaque israélienne. Tout comme Oman. Mais en coulisses, les langues se délient :
« Israël a nettoyé le quartier pour nous. Il faut leur être un peu reconnaissants, » a confié un diplomate du Golfe sous couvert d’anonymat.
Pourquoi ce double langage ? Parce que la realpolitik l’impose. Israël, grâce à sa puissance militaire, devient l’assurance-vie de certains régimes du Golfe, tout en demeurant un acteur difficile à cadrer.
Washington effacé, Tel-Aviv moteur stratégique
Le grand absent de cette crise reste Washington. L’Amérique de Trump, bien que présente, n’a pas été entraînée dans le cycle de représailles. Une aubaine pour le Golfe qui craint, depuis les années 2019-2022, d’être pris pour cible par des milices iraniennes en cas de conflit ouvert.
Israël a agi seul, sans engager les bases américaines à Doha ou aux Émirats. Et cette autonomie stratégique, si elle impressionne, inquiète aussi : qui décide vraiment de l’escalade ?
Une « Sparta » moderne qui force le respect
Un chercheur du Middle East Institute à Washington résume la situation ainsi :
« Israël est aujourd’hui la ‘Sparta’ incontestée du Moyen-Orient, soutenue par l’Amérique mais non pilotée par elle. »
Une puissance nucléaire non déclarée, capable de frapper plusieurs pays simultanément, dotée de cybercapacités redoutables et d’une capacité de projection jamais égalée dans la région.
Entre admiration et appréhension : le Golfe divisé
Les pays qui ont embrassé les Accords d’Abraham – Émirats, Bahreïn, Maroc – y voient peut-être un partenaire devenu central. Mais ceux qui misent encore sur une désescalade diplomatique avec l’Iran – comme Oman ou le Koweït – redoutent une région où Israël joue seul, dicte ses termes et agit sans attendre l’aval des grandes puissances.
Ce que redoute réellement le Golfe
Plus que les missiles israéliens, le Golfe redoute le changement d’équilibre stratégique. Israël, en ciblant avec précision les milices chiites irakiennes, les infrastructures des Gardiens de la Révolution, les installations de drones et les radars du régime islamique, a redessiné les lignes rouges.
Mais cela ne résout pas la présence des Houthis au Yémen, des milices pro-iraniennes en Irak, et la prolifération de missiles à courte portée aux portes des Émirats.
Israël – problème ou solution ?
En privé, de nombreux diplomates du Golfe le reconnaissent : « Israël a rendu la région plus sûre… pour l’instant. » Mais jusqu’où Israël ira-t-elle seule ?
La question reste entière. Et la crainte qu’une guerre éclate sans coordination avec les puissances régionales hante les palais dorés de Riyad et d’Abou Dhabi.
En résumé
Israël inquiète ses alliés autant qu’elle rassure. Dans un Moyen-Orient où les équilibres sont fragiles, une puissance militaire non freinée peut vite devenir un facteur de peur autant que de stabilité.
Mais une chose est sûre : les pays du Golfe savent désormais que lorsqu’il faut agir, Israël agit. Et seule.
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