AIMER A N’EN SAVOIR QUE DIRE
 (Aragon) – Par Rony Akrich

 

Le Rav Naphtali Tsvi YĂ©houda Berlin dĂ©montre qu’Abraham, Isaac et Jacob se plaçaient bien au-delĂ  de la basique droiture, nĂ©anmoins cette valeur liminaire demeurait le fondement des mouvances de leur ĂȘtre. Il n’est pas rare d’identifier chez l’humain prĂ©somptueux, une certaine tendance Ă  sauter les paliers Ă©laborateurs de sa personnalitĂ© tout en omettant d’asseoir ses fondements d’éthique et de morale.

Selon le Natsiv, nous rencontrons l’une de ces manifestations Ă  l’époque du Second Temple: au sommet de la population judĂ©enne se trouvaient des personnages pieux et saints qui rĂ©vĂ©raient tous la Torah, nonobstant leur apparence voilĂ  qu’ils n’étaient pas toujours irrĂ©prochables dans leurs rapports avec autrui.

L’inquisition et l’accusation allaient bon train, on affublait tout un chacun d’étiquettes diffamatrices. Cette dĂ©faillance Ă  pouvoir recevoir autrui tel qu’il existe, avec sa spĂ©cificitĂ© propre, les a inĂ©luctablement guidĂ©s vers la haine gratuite.

Ce comportement et lui seul a lĂ©gitimĂ© le DĂ©cret divin d’achever ces gens dont l’habit ne faisait pas le saint.

La perception du juste n’est pas sĂ©parable de l’apprĂ©ciation du vocable: bien/mal, donc d’une expression appartenant Ă  la morale. Le concept du devoir-ĂȘtre est consĂ©quent d’une sagesse qui s’ancre dans l’a priori moral, nous dĂ©terminons du juste ou de l’injuste essentiellement en Ă©tablissant par avance un devoir-ĂȘtre et en reliant le devoir-ĂȘtre au sujet garant de son histoire. Si la dĂ©marche engagĂ©e coĂŻncide avec le devoir-ĂȘtre, nous parlerons de droiture du mouvement, si elle souffre d’une omission Ă  l’égard de celui-ci nous serons obligĂ©s de la considĂ©rer en termes d’irresponsabilitĂ©, si elle tend Ă  s’opposer Ă  ce qui est essentiellement morale, nous ne tergiverserons pas pour exprimer la faute.

Si l’expĂ©rience morale est conscience absolue, elle est ainsi une sensibilitĂ© Ă©thique, ce qui veut dire qu’avant toutes les morales, il y a la perception des sens. Toute morale authentique provient nĂ©cessairement de la compassion or celle-ci n’est rien d‘autre que la devise de l’amour :

L’amour ne compte pas, il partage et l’offrande de son amour est en soi absolue.

Seul l’amour se complet lui-mĂȘme en deçà de toute logique.

La perception de l’amour seule peut accorder l’apologie finale au devoir tout en ne blessant pas la sensibilitĂ© de celui qui l’effectue.

Dans l’ardeur de l’amour, le devoir oublie son aspect honteux.

Seul l’amour redonne au devoir son autonomie car il rĂ©sulte alors de l’allĂ©gresse primaire de celui qui donne.

L’amour est une propension Ă  estimer plus encore ce qui demeure Ă  la base d’une conduite prolifique. Incontestablement les actions se hissent Ă  partir du palier de la nĂ©cessitĂ© et elles sont le moyen d’exaucer nos besoins tout comme il est indispensable qu’elles retrouvent le bonheur. Mais la conduite suprĂȘme est conçue sur la genĂšse du don, on ne peut octroyer que ce que l’on possĂšde, le cƓur rĂ©clamerait d’ĂȘtre bĂ©ant afin de pouvoir offrir.

L’amour peut concerner un ĂȘtre imparfait mais apte Ă  devenir plus exemplaire avec le temps, point de cruautĂ© chez lui pour blĂąmer les hommesdevant une exigence morale qu’ils ne pourraientparvenir Ă  satisfaire.

L’amour va au-delĂ  des faiblesses et des vices, et il peut accomplir ce miracle de dĂ©passer l’égocentrisme.

Le comportement de Joseph est et demeure mĂ©morable face Ă  ses propres frĂšres qui le vendirent comme un vulgaire objet Ă  des nomades Ă©trangers, sans nulle inquiĂ©tude pour son devenir. Lorsque il les rencontre Ă  nouveau, devenu entretemps Prince d’Egypte, il n’a aucune rancƓur et ne se venge point.

Il nous faut conclure et signifier la victoire des vertus d’Abraham, d’Isaac et de Jacob menant Ă  la prospĂ©ritĂ© de l’HumanitĂ©, si seulement celle-ci le dĂ©sire, vers plus de «bien d’ĂȘtre» et de rencontres avec le et la «bonne-heure»: «les faits de nos PĂšres restant un indice pour les progĂ©nitures».

La droiture de l’acte engage nos penchants Ă  rĂ©aliser les choix les plus Ă©minents, les choix par lesquels l’homme sera suffisamment compĂ©tent pour dĂ©montrer l’excellence de ce qu’il est.

Bien sĂ»r, rien Ă  voir avec le dĂ©sir de puissance et d’assujettissement Ă  l’égard de son propre genre et Ă  l’égard de la crĂ©ation. L’excellence de l’homme se rĂ©vĂšle dans le caractĂšre d’une conscience plus digne et l’excellence engage Ă  une modification des pratiques ne rĂ©duisant pas la vie, mais l’intensifiant et l’exaltant.

Cela suffit d’apprĂ©hender le concept de l’action dans des formules univoques de rationalitĂ© instrumentale et de soumettre nos menĂ©es et nos desseins Ă  la seule valeur d’une Ă©conomie de marchĂ©.

Il reste tout de mĂȘme qu’au fond de nous l’ĂȘtre Ă©thique est omniprĂ©sent, il aspire d’abord Ă  une transparence totale, Ă  un bien idĂ©al, Ă  un amour et un don de soi infini. L’ĂȘtre Ă©thique est mĂ» par un espoir dominant, au sein d’un cƓur prĂȘt Ă  engendrer encore et toujours plus de volontĂ© Ă  la perfectibilitĂ©, un appel Ă  la conscience de la personne. La rĂ©alisation la plus remarquable de l’éthique c’est la modification intime de la volontĂ©, celle-ci devenant parfaitement lucide d’elle-mĂȘme, et offrant au champ de l’expĂ©rience morale l’accĂšs Ă  une rĂ©elle connaissance des relations humaines.

Par Rony Akrich pour Alyaexpress-News


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