La détermination du mal à vouloir ruiner, sans mobile apparent, les plus vulnérables et les plus inoffensifs relève d’une barbarie sans nom, elle évoque pour nous, l’une des périodes les plus noires de l’Histoire contemporaine. Une seule solution existe et Rambam, dans sa philosophie politique du Guide des Égarés (3ème part. ch. 41), nous la remémore: la force de la dissuasion. Il ne s’agit pas de chasser et de châtier le monstre seulement, il faut de manière absoluE éradiquer le mal à sa racine, et anticiper toute rechute! Un seul être, un seul peuple s’essayant à l’idée fallacieuse d’en finir avec les Juifs, saura de prime abord que le châtiment des Hébreux sera sans aucune pitié. Les conséquences seront, non seulement, tragiques pour les acteurs mais aussi pour tous les leurs, ils trépasseront, frappés par une même punition impitoyable et sans autre forme de procès.

Nous serons alors les témoins de poignantes implorations de la part des femmes de ces démoniaques adversaires, elles refuseront de collaborer plus longtemps aux ambitions maladives et assassines. Une seule volonté, celle de sauver leur propre vie et celle de leurs enfants.

Pensez-vous que l’antisémitisme, la haine du Juif ait disparu? À mon grand regret, me voilà bien obligé de reconnaître l’insupportable insuffisance de l’Humain, si la science demeure son point d’orgue, son être se meurt. Le danger n’est pas écarté, il reste omniprésent, dilué sous diverses formes hybrides, raison de notre vigilance et de notre vivacité à réagir le plus promptement possible, Amalek est toujours là.

Shaul se hâta d’exécuter le commandement Divin:

« Shaul convoqua le peuple… Il y avait deux cent mille gens de pied, plus dix mille parmi les hommes de Yéhoudah. » (Shmouel 1 15,4).

Sa cible fut détruite: «Shaul défit ‘Amalek … Il prit vivant Agag, roi d »Amalek, et fit passer tout son peuple au fil de l’épée. » (7-8).

Selon le texte biblique, justice serait rendue. La campagne menée tambour battant par le nouveau souverain d’Israël doit apporter une réponse univoque aux Hébreux, comme aux nations. Elle doit préserver le monde de toute autre tentative de déstabilisation pouvant provoquer souffrances et désastres.

Tout était presque parfait, quand malheureusement, il manqua à son devoir, c’est-à-dire une pleine et entière obéissance à l’Éternel:

« Mais Shaul et l’armée épargnèrent Agag. » (9).

Ce fait, ce non-geste charitable peut-il réellement mettre en danger le devenir d’Israël? L’homme seul, démembré de son organisation criminelle, peut-il encore menacer l’état de paix? Incontestablement, le dessein du roi Shaul était d’épargner Agag pour des raisons humanitaires, qui plus est, adopter une noble attitude en préservant le souverain de toute atteinte à son corps défendant. Là le bât blesse, sa mansuétude fut une fâcheuse méprise:

« Sur quoi le Seigneur parla ainsi à Shmouel : Je regrette d’avoir conféré la royauté à Shaul, parce qu’il m’a été infidèle, et n’a pas accompli mes ordres. » (10-11).

Le prophète Shmouel prend les choses en main et exécute ce qui devait être fait, c’est lui qui, dans tout son être de justice et de tendresse, donnera le coup de grâce au roi d’Amalek.

« Comme ton épée a désolé les mères, qu’ainsi ta mère soit désolée entre les femmes! Et Shmouel fit exécuter Agag devant le Seigneur. » (33).

Rambam  évoque à plusieurs reprises ce sujet et déclare, sans ambiguïté, que toute mansuétude à l’égard des barbares entraîne inévitablement un comportement en porte à faux vis-à-vis des êtres bienfaisants, puisque la confusion des valeurs règne en maître.

Les scélérats se retrouvent à l’air libre et condamnent ainsi la société des justes et des innocents à vivre dans la peur et la crainte de chaque instant.

Avant que la sentence d’Agag ne soit prononcée, celui-ci eu le temps de copuler avec une servante et de donner naissance à une descendance dont on entendra parler. Une de ces célèbres figures fut ‘Aman le Perse’ dont nous avions déjà précisé le rôle sur la scène internationale: premier concepteur de la solution finale du problème juif en un jour.

La pensée ésotérique s’intéresse particulièrement à ce thème, car, en fin de compte, le sieur Aman engendrera des Maîtres en Israël qui participeront à la propagation du savoir et de la connaissance toraniques. Selon les sages kabbalistes, il se trouve donc une étincelle divine en toute chose, en clair, Amalek en est porteur tout autant que quiconque sinon il ne pourrait être. D’où ce verset si spécifique:

« Tu effaceras la mémoire d’Amalek de dessous le ciel. » (Devarim 25,19).

Le Rav Kook, de célèbre mémoire, nous enseigne qu’au-dessus du ciel, il n’y a aucune nécessité à devoir annihiler l’existence d’Amalek, sa partie divine transcendante obtiendra sans nul doute son salut (Midoth haRéiya: Aaava). Il s’agit très certainement de l’une des causes ayant poussé Shaul à la miséricorde.

Or, cette attitude, comme nous l’avons dit plus haut, causera nombre de dommages collatéraux. Le Rav Kook insiste sur un fait indéniable: il est impossible de gérer le quotidien selon les appréciations de la mystique juive. Ces dernières contribuent au meilleur entendement de l’intelligence profonde de la réalité, sans pour autant servir le vécu matériel, légaliste et suffisamment explicité au sein de la nature concrète. (Commentaires sur le livre de prières ‘Olat Réïya l, 438).

En conclusion, la puissance pernicieuse d’Amalek est encore et toujours présente parmi nous. Le roi David ne réussira qu’à blesser sérieusement l’hydre, sans pour autant éliminer définitivement le monstre qui n’aura de cesse à poindre son visage hideux à travers l’Histoire. Inlassable cruauté qui se déverse par trombes et noie trop souvent l’Humanité dans les profondeurs de l’ignominie sans se préoccuper des temps et des espaces.

La bataille est rude, mais notre résistance est sans borne, notre combat est assidu, soutenu mais parviendra à ces fins envers et contre tous les aléas de l’Histoire.

Pour le plus grand bien d’une création en mal de vivre, mais encore et toujours emplie d’espoir envers un devenir des plus prometteurs.