La façon dont le gouvernement s’est empressé, sous la pression américaine, de conclure l’accord sur la frontière maritime avec le Liban, fait soupçonner qu’il y a d’autres intérêts derrière l’accord. Ce qui a particulièrement attiré l’attention, c’est l’empressement américain et aussi français à promouvoir l’accord. Une urgence qui ne concerne pas seulement les aspirations des pouvoirs au calme dans la région.

« Dans chaque casino, la banque fait des bénéfices »

Selon un haut responsable de l’industrie gazière, notamment en Méditerranée orientale : . « A la fin de chaque casino, il y a la banque qui fait des bénéfices », a-t-il déclaré. « Aux États-Unis et en France, leurs sociétés énergétiques ont un pouvoir politique énorme, un pouvoir qui s’est considérablement accru avec la crise énergétique qui a commencé il y a environ un an et s’est considérablement intensifié en raison de la guerre en Ukraine et de la fermeture des gazoducs depuis la Russie. Selon vous, qui obtiendra les prochaines concessions de forage dans les eaux économiques du Liban ? », demande-t-il.

En effet, lors d’une conversation avec des sources américaines et libanaises, une image claire se dégage : l’accord sur la frontière maritime a des implications économiques considérables pour le Liban – dont les sociétés énergétiques américaines et le géant français Total, dont le gouvernement français possède 50 %, devrait en bénéficier. Il s’agit de concessions pour plusieurs réservoirs supplémentaires qui sont probablement situés dans la zone des eaux économiques du Liban (qui, à la suite de l’accord, a été étendue de 860 kilomètres carrés supplémentaires à la zone contestée avec Israël).

Le Liban a divisé ses eaux économiques en dix blocs, dans le bloc 9 se trouve le réservoir Cana-Sidon. La franchise est détenue par la société Total et également l’italien ENI (I) est un partenaire. Israël négocie avec Total sur les redevances qu’il devrait recevoir pour sa part, qui est estimée à 17 %. Total et ENI sont propriétaires de la concession dans un autre bloc de la région. Selon les plans, si et quand l’accord est approuvé, les appels d’offres commencera par ce que l’une des sources définit comme : « Priorité aux entreprises déjà présentes en Méditerranée orientale », entend Total, mais aussi d’autres énergéticiens internationaux comme Chevron et Noble Energy.

Cette découverte s’ajoute aux généreux paquets d’aide que nous avons publiés dans Globes que les États-Unis ont promis au Liban.Ces paquets, selon une source américaine de haut niveau, proviendront à la fois de Washington et de Paris, et d’organismes internationaux tels que le FMI et la Banque mondiale. Les conditions seront strictes pour tenter d’empêcher le flux d’argent vers le Hezbollah, et elles seront probablement axées sur des questions (telles que l’énergie, la santé et d’autres secteurs économiques). Selon la source, il s’agit d’une aide d’un montant de dizaines de milliards de dollars dans les années à venir, et dans l’hypothèse que la paix sera maintenue et que la situation politique le permettra. Et là est le problème : le président libanais Michel Aoun, qui représente la communauté chrétienne et est considéré comme un partenaire de confiance des Américains, est censé quitter son poste à la fin du mois et n’a pas de remplaçant. Le gouvernement libanais n’a pas encore été approuvé et il est également à genoux. Le parlement se compose de nombreuses factions divisées. Et en arrière-plan se trouve également le Hezbollah, l’entité militaire et politique la plus puissante du pays, qui salue l’accord, mais exigera de participer aux redevances et à l’aide attendues.

Cela signifie que les Américains, les Arabes officiellement à l’accord, et les partenaires français devront remuer profondément ce qui se passe au Liban afin d’empêcher l’influence du Hezbollah sur la sélection des compagnies énergétiques et l’acheminement des futurs fonds d’aide. Les experts du Liban estiment que cette mission est vouée à l’échec d’avance, et que le Hezbollah, à travers les partis, ministres, parlementaires et hauts fonctionnaires qui s’y opposent, saura utiliser la voie de l’argent pour ses besoins. Un haut responsable américain a déclaré cette semaine que son pays dispose de capacités de surveillance et de contrôle, et que la Banque centrale du Liban et d’autres entités financières subiront les changements nécessaires et seront soumises à une surveillance internationale étroite. Mais il a également admis qu’en pratique, il n’y a aucune possibilité réelle d’empêcher le flux de fonds entre les mains du Hezbollah.

Combien d’argent est impliqué?

 

Une fois l’accord conclu et le début de la production, Israël devrait recevoir le premier paiement. Le mécanisme de paiement ne sera pas lié aux lois fiscales d’Israël et aux redevances du fonds de richesse, mais à la compensation de la valeur du gaz trouvé sur le territoire israélien. Cette valeur sera déterminée lors des négociations finales, également en fonction du prix du gaz qui sera sur le marché mondial à ce moment-là, ce qui nécessitera probablement un ajustement de la législation pour déterminer sa répartition au Trésor et au fonds de fortune.

Le marketing et le spin
Dans une tentative de commercialisation de l’accord, le Premier ministre Lapid a déclaré cette semaine lors d’une conférence de presse que les citoyens d’Israël gagneraient des milliards grâce à l’accord. Ceci malgré les estimations de la réunion du cabinet s’élevant à un demi-milliard de shekels, si du gaz est produit du tout. La promesse de Lapid ne se réalisera que s’il est découvert dans un gisement de gaz à grande échelle. Lapid a également déclaré qu’Israël avait refusé d’accepter les demandes du Liban, mais ce n’est pas non plus exact. Le Liban a exigé et obtenu la réduction des restrictions sur les entreprises pouvant participer à l’exploration gazière ; et le début du forage (mais pas de la production, immédiatement après la signature, indépendamment de la conclusion d’accords entre Israël et la société Total sur le niveau des redevances.

Les porte-parole du gouvernement n’ont pas non plus donné de réponse à certaines questions essentielles, dont la grande urgence de conclure l’accord maintenant. Le raisonnement de la retraite attendue du président libanais ne tient pas la route, car si après son départ la situation au Liban se détériore, l’accord tout entier ne sera-t-il pas en péril ?