Dans son acte d’accusation , Benjamin Netanyahu a mentionné le cas «dissimulé» de l’ancienne procureure Ruth David. C’était le seul argument du discours du Premier ministre selon lequel même ses opposants les plus implacables ne pourraient s’opposer: Le cas de Ruth David reste une affaire gravissime non élucidée au sein  du système d’application de la loi israélienne.

Ruth David a travaillé au bureau du procureur du district de Tel Aviv de 2002 à 2010 et, selon de nombreux témoignages, était une procureure corrompue. Elle a été soupçonnée de corruption à trois reprises par une procédure pénale. Trois affaires ont été clôturées,  faute de preuves. Depuis 15 ans, un ancien enquêteur du bureau des impôts, Rafi Rotem, a demandé à ce que Ruth David soit tenue pour responsable, l’appelant de « mafiosi ». Après avoir obtenu plusieurs condamnations pour « insultes envers des fonctionnaires » et pour sa réputation , Rotem n’abandonne pas et poursuit la bataille commencée au début des années 2000.

Puis, en 2003, un groupe d’employés du service d’enquête de l’administration fiscale, où travaillait également Rotem, a déposé plainte auprès du procureur du district de Tel Aviv pour violation de la loi dans leur département et dans d’autres divisions du service des impôts. L’affaire a été confiée au procureure Ruth David. Elle n’a pas donné à la police l’autorisation d’utiliser tous les éléments pour que l’affaire suit son cours et l’enquête s’est effondrée. La procureure Ruth David a classé l’affaire en deux jours.

Le dossier clos contenait une vidéo du témoignage d’un agent informateur qui racontait aux enquêteurs des impôts comment un homme de la mafia qui avait des relations dans le bureau central du Likoud avait appelé le ministre des Finances de l’époque, Benjamin Netanyahu, et avait accepté avec lui de laisser passer un conteneur avec des articles de cinémas de contrebande, celui arrêté par l’Internal Revenue Service. Après que les documents de l’affaire (y compris un enregistrement vidéo du témoignage d’un agent) soient parvenus à Ruth David, cet homme a été retrouvé assassiné dans une chambre d’hôtel à Tel Aviv. La raison du meurtre est resté sans réponse. Tous les preuves de l’affaire ont disparu et l’ordre de les détruire a également disparu sans laisser de traces. Le témoignage de l’agent n’a pas été vérifié – les enquêteurs n’ont jamais interrogé ni le contrebandier de la mafia ni Benjamin Netanyahu.

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En 2015, l’avocate Ronel Fisher, partenaire de Ruth David, a été appréhendée avec une valise d’argent qui est devenue une affaire de corruption très médiatisée dans le système de maintien de l’ordre israélien, connue sous le nom de «l’affaire de l’avocat Ronel Fisher». Ruth David a été impliquée dans cette affaire en tant qu’une des accusés principale, mais elle n’a finalement été inculpée que des accusations les plus «légères»  comme entrave à la justice et atteinte à la confiance du public. Telle était la recommandation du conseiller juridique du gouvernement de Yehuda Weinstein, et son successeur, Avihai Mandelblit, qui a accepté la recommandation.

En 2016, le dossier des poursuites engagées contre Ruth David pour son travail au bureau du procureur a été clos – malgré le témoignage du témoin à charge dans l’affaire «Ronel Fisher», l’ancien officier de police Eran Malka. Selon ce témoignage publié en 2017 par Moshe Likhtman, correspondant du Globe, la procureure Ruth David, une amie intime de l’avocat de Fischer, était un élément clé de cette «mafia» et aidait constamment son ami avocat à «mettre de côté» la responsabilité pénale de nombreux fonctionnaires corrompus fortunés, notamment des maires, des députés, des hommes d’affaires et des mafiosis.

Comme Eran Malka l’a montré sous serment, Fisher lui a souvent expliqué comment lui et Ruth David avaient «travaillé ensemble» et s’est vanté , grâce à son aide d’avoir gagné plus d’un million de shekels. Dans le même temps, «Ruth» a pris de l’argent du «client» (un demi-million de shekels) une seule fois, dans d’autres cas, préférant des cadeaux de valeur comme des sacs à main de Louis Vuitton, montres de luxe, accessoires de marques de mode, etc.

Selon Malki, Ruth David a fourni de nombreux services importants aux clients de Fisher. Le procureur a le droit d’autoriser ou non le recours à des écoutes téléphoniques secrètes, pour la surveillance et à d’autres équipements spéciaux de la police, sans lesquels les enquêtes sur des affaires de corruption sont souvent condamnées au lieu de se terminer « par manque de preuves ».

Yehuda Weinstein et Avihai Mandelblit, deux conseillers juridiques du gouvernement, ont décidé de ne pas prêter attention à ces témoignages.

Mais les activistes contre  la corruption, ont été licenciés et ont été jugés sur des accusations ridicules par la procureure. Ce fut le cas des jeunes enquêteurs de l’administration fiscale du «groupe des 15», ainsi que de l’initiateur de l’affaire pénale sur la corruption à la caisse d’assurance maladie de la Meuhedet.

La plupart des personnes impliquées dans l’affaire Ruth David ont été classée dans l’affaire pénale sur la corruption au sein de l’Internal Revenue Service et ont par la suite été poursuivies en justice pour d’autres crimes. Rafi Rotem, avec l’aide des journalistes et de l’opinion publique, a finalement reçu du contrôleur de l’État le statut de «dénonciateur de corruption», mais cela ne lui a pas permis de faire confiance à l’État  de droit .

L’issue de cette affaire, qui touche les fondements mêmes de notre État de droit, est plus importante pour le pays que celle des affaires pénales du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et le Premier ministre, appelant à « enquêter sur ceux qui enquêtent », a tout à fait raison. Ce n’est que dommage que Netanyahu ait commencé à manifester de l’intérêt pour la loi dans le bureau du procureur seulement après dix ans de son séjour au sommet du gouvernement, quand il est devenu lui-même l’accusé. Avant cela, comme indiqué par le journaliste Eran , le Premier ministre a fermement ignoré les demandes répétées par le Mouvement pour la qualité du gouvernement d’établir une commission chargée d’enquêter sur les agissements de la procureure Ruth David et ceux qui ont travaillé avec elle pendant les 15 dernières années.

En juillet 2018, la police a repris l’enquête sur la corruption au sein de l’Internal Revenue Service. Rafi Rotem et ses anciens camarades du «groupe des 15» ont de nouveau été interrogés. Après 16 ans de lutte, ils doutent fortement que cette fois-ci le bureau du procureur ose aller au fond des ténèbres de l’affaire de 16 ans que Ruth David a détruite.