A l’attention de la gauche israĂ©lienne : Le Hamas n’a pas besoin de Sheikh Jarrah ou de JĂ©rusalem pour dĂ©clencher une guerre

Trois photos cette semaine ont racontĂ© l’histoire israĂ©lienne. Le premier est survenu dimanche, lorsque le fauteur de troubles membre de la Knesset et ancien militant du Kach Itamar Ben-Gvir a dĂ©cidĂ© d’ouvrir un bureau temporaire dans le quartier de Sheikh Jarrah Ă  JĂ©rusalem-Est.

Ben-Gvir savait ce qu’il faisait et l’attention que cela lui attirerait. Oui, une famille juive du quartier avait Ă©tĂ© agressĂ©e, et la police se rĂ©vĂ©lait – encore une fois – inefficace ; mais y installer un bureau n’a pas Ă©tĂ© fait uniquement pour protĂ©ger la famille. Il voulait de l’action, et c’est ce qu’il a obtenu. La crainte que Sheikh Jarrah puisse conduire Ă  un autre conflit avec le Hamas – comme la façon dont le groupe terroriste a utilisĂ© le quartier en mai – ne signifie rien pour Ben-Gvir.

La deuxiĂšme image s’est produite lundi, lorsque le Premier ministre Naftali Bennett s’est envolĂ© pour BahreĂŻn et est devenu le premier dirigeant israĂ©lien Ă  visiter officiellement le petit pays du golfe Persique. Bennett a Ă©tĂ© reçu par des gardes d’honneur et avec honneur partout oĂč il est allĂ©, y compris avec l’ « Hatikvah » au palais du prince hĂ©ritier bahreĂŻni. C’était la puissance diplomatique israĂ©lienne Ă  son meilleur.

La troisiĂšme image a Ă©tĂ© montrĂ©e mercredi, lorsque la prĂ©sidente de la Chambre, Nancy Pelosi s’est rendue Ă  la Knesset. L’une des politiciennes les plus puissantes des États-Unis, Pelosi s’est prĂ©sentĂ©e devant le parlement israĂ©lien et a expliquĂ© comment la formation de l’État d’IsraĂ«l Ă©tait la plus grande rĂ©alisation du XXe siĂšcle. « Le meilleur »! Des mots non nĂ©gligeables.

Les trois images Ă©taient juste un morceau d’IsraĂ«l.

À Sheikh Jarrah, nous avons vu ce qui se passe lorsqu’il y a un manque d’application de la loi par la police et lorsque le gouvernement laisse s’envenimer des poches d’anarchie. Des instigateurs comme Ben-Gvir dĂ©cident de s’installer et la violence Ă©clate. C’est la mĂȘme histoire dans le NĂ©guev, dans les villes arabes israĂ©liennes et dans certaines des collines les plus isolĂ©es de JudĂ©e et de Samarie.

Les deux autres images dĂ©peignent les prouesses diplomatiques d’IsraĂ«l. Il y avait le premier ministre visitant ouvertement un pays qui, il y a 18 mois, n’avait pas de liens officiels avec IsraĂ«l, et un jour plus tard, nous voyons le prĂ©sident de la Chambre visiter la Knesset.

Si tout JĂ©rusalem appartient Ă  IsraĂ«l, alors les forces de police et le contrĂŽle gouvernemental doivent s’étendre Ă  toute la ville, que la violence soit contre les Juifs ou contre les Arabes. Ça ne fait aucune diffĂ©rence.

Cela rappelle également que si Bennett peut aller à Bahreïn et Pelosi peut venir à la Knesset, les défis pour Israël sont toujours importants. Un haut responsable du gouvernement a admis cette semaine que des erreurs avaient déjà été commises concernant Sheikh Jarrah, et que si la violence continue là-bas, Israël pourrait se retrouver dans une autre série de guerre avec le Hamas à Gaza.

Cela dit, soyons clairs sur une chose maintenant : si le Hamas dĂ©cide d’attaquer IsraĂ«l, cela n’aura rien Ă  voir avec Sheikh Jarrah, tout comme il n’avait rien Ă  voir avec Sheikh Jarrah en mai. Ce n’est qu’un prĂ©texte. Quand vous ĂȘtes une organisation terroriste vouĂ©e Ă  la destruction d’IsraĂ«l, les excuses ne sont que cela : des excuses commodes. Si Sheikh Jarrah n’existait pas, le Hamas l’inventerait.

Mardi, pour la premiĂšre fois, IsraĂ«l a envoyĂ© une dĂ©lĂ©gation diplomatique Ă  Vienne pour s’assurer que ses prĂ©occupations concernant les pourparlers nuclĂ©aires en cours soient entendues avant qu’il ne soit trop tard.

Une histoire de 2007 – jamais racontĂ©e auparavant – est importante Ă  garder Ă  l’esprit alors qu’IsraĂ«l considĂšre ses options et ce qu’il pourrait avoir Ă  faire, avec ou sans accord.

En aoĂ»t de la mĂȘme annĂ©e, selon des rapports Ă©trangers, Tsahal a envoyĂ© une poignĂ©e de soldats d’élite israĂ©liens en Syrie dans une rĂ©gion connue sous le nom de Deir ez-Zor.

Les soldats ont Ă©tĂ© spĂ©cialement formĂ©s pour se fondre dans leur environnement local. Parlant couramment l’arabe, ils pouvaient se dĂ©placer sans ĂȘtre dĂ©tectĂ©s entre les diffĂ©rentes villes syriennes. Leur mission Ă©tait simple : voir s’ils pouvaient s’approcher d’un rĂ©acteur nuclĂ©aire secret que Bashar Assad construisait avec l’aide de la CorĂ©e du Nord le long de l’Euphrate.

IsraĂ«l avait suivi le rĂ©acteur avec des images satellites, mais c’était la premiĂšre fois qu’il avait les pieds sur cette terre.

Les soldats – des navigateurs experts – ont passĂ© une bonne partie de leur formation Ă  apprendre Ă  se rendre Ă  des endroits avec rien de plus qu’une boussole, et parfois mĂȘme sans. Une grande partie de la prĂ©paration de cette mission a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  l’apprentissage du terrain en Syrie afin qu’ils puissent trouver leur cible.

Lors de la prĂ©sentation de la mission, les analystes du renseignement militaire ont expliquĂ© que si les photos obtenues lors d’un prĂ©cĂ©dent raid du Mossad en Europe Ă©taient impressionnantes, beaucoup d’entre elles dataient de quelques annĂ©es. Pour savoir exactement ce qui se passait au sol, il fallait se rapprocher le plus possible du rĂ©acteur.

Avant de partir, les commandos avaient Ă©tĂ© briefĂ©s par des gĂ©ologues et des scientifiques, et des gĂ©nĂ©raux venaient rencontrer les soldats, qui connaissaient les risques : si quelque chose tournait mal, ils seraient livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes. Les officiers supĂ©rieurs ont passĂ© en revue les plans avec les soldats. Ils ont Ă©tudiĂ© des cartes et exĂ©cutĂ© des simulations fictives et des modĂšles de ce qui les attendait.

Comme ils Ă©taient seuls, les soldats ne pouvaient pas emporter trop de choses avec eux, mais cela faisait partie du test. Si IsraĂ«l dĂ©cidait d’envoyer des troupes pour faire sauter le rĂ©acteur, les gĂ©nĂ©raux devaient voir ce que chaque soldat pouvait pratiquement transporter, et si suffisamment d’explosifs, par exemple, pouvaient arriver lĂ -bas juste sur le dos des opĂ©rateurs.

Les soldats ont passĂ© une semaine au sol et se sont suffisamment rapprochĂ©s de la structure d’apparence innocente qui masquait le rĂ©acteur au plutonium Ă  l’intĂ©rieur.

La mission a Ă©tĂ© un double succĂšs : IsraĂ«l a obtenu des images de haute qualitĂ© du rĂ©acteur et l’armĂ©e israĂ©lienne a prouvĂ© que si nĂ©cessaire, les soldats pouvaient pĂ©nĂ©trer Ă  l’intĂ©rieur de la Syrie et Ă  proximitĂ© du rĂ©acteur.

C’était d’une extrĂȘme importance. Le chef d’état-major de Tsahal Ă  l’époque, Gabi Ashkenazi, devait prĂ©parer pour le gouvernement un certain nombre d’options sur la maniĂšre de dĂ©truire le rĂ©acteur nuclĂ©aire.

La premiĂšre option Ă©tait la plus Ă©vidente : attaquer par voie aĂ©rienne. La seconde Ă©tait plus compliquĂ©e : envoyer une petite force d’élite sur le terrain en Syrie pour planter des explosifs Ă  l’intĂ©rieur du rĂ©acteur et le dĂ©truire de l’intĂ©rieur.

Jusqu’à ce qu’IsraĂ«l lance une frappe aĂ©rienne le 6 septembre 2007, qui a dĂ©truit le rĂ©acteur nuclĂ©aire, il avait prĂ©parĂ© deux options : l’une aĂ©rienne et l’autre terrestre. AprĂšs la derniĂšre rĂ©union du cabinet de sĂ©curitĂ© du 5 septembre au cours de laquelle les ministres ont votĂ© pour approuver une grĂšve, ils ne savaient pas encore quelle ligne de conduite l’armĂ©e israĂ©lienne choisirait.

Cela a été laissé à Ashkenazi.

La mission cet Ă©tĂ©-lĂ  a prouvĂ© aux meilleurs gĂ©nĂ©raux de Tsahal que la deuxiĂšme option Ă©tait possible. Cela compris, Ashkenazi a maintenant donnĂ© Ă  Sayeret Matkal la permission de commencer la formation pour une opĂ©ration terrestre secrĂšte Ă  grande Ă©chelle. Il savait qu’il pouvait amener des troupes prĂšs du rĂ©acteur. Maintenant, il devait dĂ©cider si c’était l’option qu’il allait utiliser.

Le problĂšme Ă©tait que mĂȘme au sein de Tsahal, il y avait une divergence d’opinion sur la bonne option.

Une frappe aĂ©rienne signifiait que le rĂ©acteur serait dĂ©finitivement dĂ©truit, mais ce ne serait pas quelque chose qui pourrait ĂȘtre cachĂ©. Les gens verraient des avions et des Ă©crans radar dĂ©tecteraient l’infiltration aĂ©rienne.

Une opĂ©ration terrestre secrĂšte pourrait ressembler Ă  un accident, et quelque chose qui ne pourrait pas ĂȘtre retracĂ© jusqu’en IsraĂ«l. Un petit groupe de soldats entrant en Syrie sans ĂȘtre dĂ©tectĂ©s comme la mission d’étĂ© pourrait potentiellement entrer et sortir sans que personne ne le sache. Sayeret Matkal s’est entraĂźnĂ© pendant des mois pour la mission jusqu’au jour de la frappe aĂ©rienne : une petite Ă©quipe devait s’infiltrer en Syrie, se diriger vers le rĂ©acteur et y placer des explosifs.

Parce qu’il y avait trĂšs peu de prĂ©sence militaire autour du rĂ©acteur, c’était aussi un pari assez sĂ»r que les troupes puissent entrer et sortir sans affrontements.

Au final, Ashkenazi a prĂ©fĂ©rĂ© une frappe aĂ©rienne, pour trois raisons. PremiĂšrement, une frappe aĂ©rienne Ă©tait presque sans risque et assurait une destruction complĂšte. Alors que la Syrie disposait de systĂšmes de dĂ©fense aĂ©rienne sophistiquĂ©s, l’IAF avait l’expĂ©rience de survoler le pays.

DeuxiĂšmement, une mission au sol serait plus compliquĂ©e et rien ne garantirait que les commandos seraient en mesure de placer suffisamment d’explosifs nĂ©cessaires pour dĂ©truire l’installation.

De plus, si des soldats étaient capturés, Israël serait confronté à une autre débùcle comme celle à laquelle il était déjà confronté, avec Gilad Schalit détenu par le Hamas à Gaza et deux réservistes détenus par le Hezbollah au Liban. La derniÚre chose dont Israël avait besoin était de capturer plus de soldats, cette fois en Syrie.

L’histoire de ce dĂ©bat est importante aujourd’hui alors qu’IsraĂ«l examine ses options avant un Ă©ventuel accord Ă  Vienne.

Tsahal a ouvertement dĂ©clarĂ© qu’elle prĂ©parait une option militaire, qui serait prĂȘte dans environ un an.

Alors que les gens ont tendance Ă  associer une « option militaire » Ă  l’armĂ©e de l’air, ce n’est pas la seule option d’IsraĂ«l contre l’Iran.

Mettre des commandos sur le terrain est quelque chose qu’IsraĂ«l a fait en Syrie en 2007, bien qu’à petite Ă©chelle. C’est une capacitĂ© qui pourrait potentiellement ĂȘtre reproduite Ă  l’avenir pour attaquer l’Iran. Si cela devait se produire, cela signifierait qu’une telle frappe ne serait pas seulement aĂ©rienne, mais aussi terrestre. En bref – quelque chose comme IsraĂ«l n’en a jamais vu auparavant.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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