Un an et cinq mois après l’attaque meurtrière, la base Yarkon de l’unité de renseignement a accueilli la cérémonie de passation de commandement. Le commandant sortant de l’unité 8200, le général de brigade Yossi Shariel, a prononcé un discours marqué par la remise en question et le repentir : « Trop de choses m’ont échappé, nous ont échappé. Nous porterons ces éclats dans le bagage de notre vie, c’est un voyage lourd et éprouvant. »

Un aveu d’échec poignant

« Je n’ai pas rempli ma mission, cela s’est produit sous ma responsabilité. J’ai échoué. Je sais qu’il est impossible de revenir en arrière. Je m’incline. » C’est avec ces mots que le général de brigade Yossi Shariel a débuté son discours d’adieu ce mardi à la base Yarkon. Il a passé le relais au général de brigade A., ancien commandant adjoint de l’unité rappelé en service actif.

Le choix de cette base pour la cérémonie n’était pas anodin : elle fut l’un des sites ciblés lors de l’attaque surprise du Hamas le 7 octobre, que l’unité de renseignement n’avait pas su anticiper. Ce moment faisait écho au discours de départ du chef du renseignement militaire (AMAN) au moment de l’attaque, le général Aharon Haliva, également empreint de regrets et d’introspection.

« Je pars en prière, avec des regrets, une remise en question et de l’espoir, » a déclaré Shariel. « Nous devons nous regarder en face, faire notre examen de conscience. Trop de choses nous ont échappé. Des compréhensions fondamentales sur nos ennemis se sont effondrées. Nos propres certitudes ont volé en éclats. Nous avons trouvé la force de commencer à rassembler les morceaux. Nous avons choisi d’entamer un long chemin où s’écriront de nouvelles pages. Plus réalistes. Plus humaines. Des pages sans illusion, mais avec une volonté de réparation. »

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Un engagement envers la vérité et l’avenir

Le général Shariel a poursuivi : « La vérité doit être dite. Accepter de la regarder en face, même lorsqu’elle est douloureuse ou effrayante, est la base de notre rétablissement, de notre transformation et de notre progression. La vérité nous aidera à surmonter nos différends. Nous sommes la génération qui a échoué, mais aussi celle qui a choisi d’affronter cette réalité et de s’engager à mener l’armée vers la victoire. Nous devons rechercher la vérité avec courage et mener une réforme en profondeur. Nous continuerons à porter ces éclats en nous. Ce sera un voyage difficile et lourd. Mais nous n’abandonnerons ni l’apprentissage ni le changement nécessaires pour assumer pleinement notre responsabilité envers la victoire de Tsahal, l’avenir de l’État d’Israël et le bien-être de nos enfants et petits-enfants. »

Une critique à peine voilée du commandement militaire

Deux semaines auparavant, Ynet et Yediot Aharonot avaient révélé un discours incisif de Shariel contre le chef d’état-major sortant, le général Herzi Halevi, lors d’une conférence de présentation des rapports d’enquête. Bien qu’étant un proche de Halevi depuis des années, il n’a pas mâché ses mots et a ouvertement critiqué les conclusions de l’enquête militaire.

« Ce qui est le plus dur, c’est que ce groupe n’a pas pris une seule pause, pas même 10 minutes en 507 jours, pour se demander comment nous avons échoué en tant que collectif, » avait-il déclaré. « À aucun moment, tous les acteurs clés – commandants et analystes du renseignement – ne se sont réunis pour comprendre, ensemble, comment un tel échec a pu se produire. »

Il avait ajouté : « Quand Tsahal a vaincu le Hezbollah, c’était le résultat d’un travail d’équipe où tout l’état-major fonctionnait en harmonie. Mais lorsque nous avons été battus, soudainement, ce n’était plus un échec collectif, mais celui de quelques individus. Et même après cela, personne n’a eu le courage de se réunir, ne serait-ce que 15 minutes, sans enregistrements ni enquêteurs, pour comprendre ce qui nous est arrivé en tant que groupe, et pas seulement en tant qu’individus. »