Le débat enfle à Paris, mais il est scruté avec encore plus d’attention à Jérusalem. Alors que plusieurs pays européens, comme l’Espagne, l’Irlande ou la Norvège, ont récemment franchi le pas en reconnaissant un État palestinien, la France, elle, hésite encore. Cette hésitation n’est pas anodine. Car si Paris bascule, c’est tout l’équilibre diplomatique européen qui pourrait changer.

Mais que signifierait réellement une telle reconnaissance ? Et surtout, qui y gagnerait vraiment ?

Officiellement, les partisans de la reconnaissance affirment vouloir relancer le processus de paix. Ils estiment qu’Israël, sans pression internationale, n’aura aucun intérêt à négocier sérieusement. Mais dans les faits, cette décision serait purement symbolique. Elle ne créerait ni frontières claires, ni institutions viables, ni stabilité sur le terrain. Pire : elle risquerait de récompenser une Autorité palestinienne fragilisée, gangrenée par la corruption et incapable de contrôler Gaza.

C’est précisément l’argument qu’avance Israël : reconnaître un État qui ne remplit pas les critères d’un État fonctionnel (monopole de la force, gouvernance unifiée, reconnaissance mutuelle) reviendrait à renforcer l’impasse politique actuelle. À Jérusalem, on voit dans cette manœuvre une manière d’isoler Israël diplomatiquement plutôt que d’apporter des solutions concrètes.

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Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, a réagi fermement à cette éventualité. Il a présenté un plan de souveraineté alternatif, baptisé “Essaim souverain” – une vision d’intégration pragmatique de certaines zones contestées sous contrôle israélien, tout en offrant aux Palestiniens une autonomie renforcée, mais sans les instruments d’un État souverain qui pourrait devenir hostile.

Pour la France, la question est doublement délicate. Elle touche à sa politique arabe historique, mais aussi à sa relation avec sa propre communauté juive. Une reconnaissance unilatérale pourrait être mal perçue, tant par Israël que par une partie des citoyens français. Elle risque également de fragiliser les relations bilatérales franco-israéliennes, déjà tendues depuis les débuts de la guerre contre le Hamas.

Ce dossier, au fond, dépasse largement le conflit israélo-palestinien. Il pose une question fondamentale : faut-il reconnaître diplomatiquement un État en l’absence d’un accord bilatéral ? Pour Israël, la réponse est claire. Une paix durable ne peut naître que du dialogue direct, et non d’actes symboliques unilatéraux qui risquent de figer les positions.

Dans cette affaire, la France est face à un choix : céder à l’impulsion morale ou conserver une posture de médiateur crédible. Car si Paris veut rester un acteur sérieux dans le processus de paix, elle ne peut se permettre de trancher pour l’un des camps. Ce serait se priver du rôle diplomatique que l’histoire et sa position stratégique lui ont toujours conféré.