La Morale est à l’origine du Droit, car ce sont les mœurs d’une personne, qui s’étendent à celle d’une société afin d’être reprises par le Droit. Le droit détiendrait donc sa valeur de la Morale qui serait des fois à l’origine du Droit.
Cependant, c’est à juste titre qu’à priori, tout zèle – surtout dans le domaine religieux – est d’emblée considéré avec méfiance comme l’expression même d’une agressivité, d’une nervosité, et d’une violence de la parole dissimulées sous un voile opaque de « vertus » et de « prétendu idéalisme ».
De nos jours la définition rationaliste du fanatisme, qui vient du latin « fanaticus » signifiant ceux qui travaillent dans le temple, en particulier les prêtres, et que l’on peut trouver dans plusieurs dictionnaires, est une foi exclusive en une doctrine, une religion, une cause, accompagnée d’un zèle absolu pour la défendre, conduisant souvent à l’intolérance et à la violence. Ainsi l’analyse rationaliste montre que le fanatique est caractérisé par un excès de foi et que cette croyance n’est pas fondée sur la raison et/ou l’expérimentation.
Le fanatique, de plus, a un jugement et une conscience troublés qui l’entraînent à attribuer à l’idée qui le domine, une valeur excessive et un droit souverain, et donc à méconnaître la valeur et le droit qui appartiennent à des idées ou à des choses autres. Donc le fanatique asservit les autres et souvent par la violence, comme peuvent le montrer plusieurs exemples dans l’Histoire.
Nos Sages insistent sur l’aspect incomplet du zèle manifesté par l’être humain, alors que le « zèle divin » est empreint de perfection, le zèle humain est imparfait, car il est empreint d’implications émotives et donc personnelles.
La morale peut être définie comme l’ensemble des jugements relatifs au Bien et au Mal, concernant les actes humains. De tels jugements ne sont pas de simples constats, mais des appréciations, des jugements de valeurs. La réflexion sur de tels jugements est un système normatif rationnel. On peut donc dire que la morale est égale à l’éthique. Si, par définition, le terme « intérêt » désigne ce qui importe, ce qui est à son avantage, ce qui fixe l’attention, ici, ce terme désigne principalement ce qui est utile à un individu, c’est-à-dire l’intérêt personnel, ou à plusieurs, en d’autres termes : l’intérêt général.
A la question de savoir si l’être humain n’est moral que par intérêt, il est d’abord intéressant de se demandé, s’il existe un Bien ou un Mal moral objectif. La moralité n’existe que pour les êtres libres, maîtres de leurs actions. Notre conscience morale ne peut subsister que si, et seulement si, l’être humain est contraint à des obligations. En d’autres termes, être libre signifie avoir des devoirs. Le paradoxe réside dans le fait même que ce qui limite notre liberté d’action est ce qui procède de notre liberté même. À cause de quoi ou en vue de quoi, l’homme est-il moral ? Si notre seul mobile est l’intérêt, il s’agit alors d’adhérer à une vision plutôt pragmatique qui ne peut être justifiée seulement jusqu’à un certain point. D’un autre côté, tel que le comprend Kant, la conduite morale peut à priori être déterminée, au-delà de l’intérêt même, par la notion de devoir. L’obligation morale, le devoir, sont inhérents à la liberté en acte.
Être moral n’est pas donné, cela suppose un effort quasi permanent, une lutte contre les impulsions égoïstes et donc contre tout intérêt individuel. Par définition, en quelque sorte, la loi s’oppose à l’intérêt, parce que ce dernier flatte les tendances de l’individu à suivre ses simples penchants, alors que la loi, par sa vigueur strictement formelle, oblige l’homme à se détourner de lui-même pour se convertir à un bien qui concerne l’humanité comme unité possible. L’intérêt est du côté de la satisfaction sensible, la loi est du côté de la raison : il n’y a donc pas de conciliation possible entre les deux, et il est clair qu’il appartient à l’homme de faire triompher la raison, sinon, il serait incompréhensible, ou absurde, que la nature l’en ait doté.
Ainsi donc, chaque fois que nous envisageons de faire quelque chose, pour agir moralement, nous devons conférer à la chose que nous voulons faire la forme de la légalité : nous devons universaliser la maxime de notre action, car ce qui est universel est nécessaire. De cette perspective, la volonté n’est déterminée par aucun objet particulier, car elle est déterminée par la forme de la légalité, elle est donc autonome. Par conséquent, agir par devoir et être libre sont une seule et même chose, de telle sorte que l’autonomie est le fondement du devoir, qui est le fondement de la bonne volonté, qui est le fondement de la moralité. On peut ainsi en conclure que le fondement de la moralité est le fondement de l’autonomie.
Par Rony Ackrich pour Alyaexpress-news.