Israël regarde de plus en plus le Yémen avec inquiétude

Plus tĂŽt ce mois-ci, les États-Unis ont rĂ©vĂ©lĂ© que leurs services de renseignement avaient conclu que l’attaque de trois mois contre des sites pĂ©troliers saoudiens Ă©tait l’Ɠuvre de l’Iran.

Reuters a rapportĂ© que les dĂ©bris rĂ©cupĂ©rĂ©s indiquent que l’attaque provenait du nord de l’un des endroits attaquĂ©s, ce que le mouvement yĂ©mĂ©nite houthi rĂ©fute, car il devient le responsable.

L’Iran, qui soutient les Houthis, a niĂ© toute implication. Cependant, le YĂ©men se trouve au sud de l’ Arabie saoudite , ce qui rend les Houthis responsables si l’évaluation des services de renseignement amĂ©ricains est vraiment correcte.

Les responsables israĂ©liens ont dĂ©clarĂ© au Middle East Eye qu’ils avaient tendance Ă  accepter les conclusions des États-Unis, mais ont Ă©galement soulignĂ© que, comme de nombreuses autres attaques et confrontations, il s’agit trĂšs probablement d’une entreprise commune impliquant les Houthis, le ministĂšre iranien du Renseignement et la force Quds du Corps des gardiens de la rĂ©volution iraniens (CGRI).

Le chef de la force Quds est le gĂ©nĂ©ral notoire de la division Qassem Soleimani sert officiellement sous le commandement du CGRI, le gĂ©nĂ©ral de division Hossein Salami, un homme connu pour ses discours enflammĂ©s et agressifs contre les États-Unis, IsraĂ«l et l’Arabie saoudite.

Mais en rĂ©alitĂ© Soleimani, un homme de confiance proche et conseiller du Guide suprĂȘme Ali Jamenei, avec qui il a dĂ©veloppĂ© des relations paternelles, est considĂ©rĂ© comme un commandant beaucoup plus important, certainement avec une bien meilleure image publique.

Cependant, les rĂ©cents dĂ©veloppements intĂ©ressants autour de l’Iran et du YĂ©men ne s’arrĂȘtent pas Ă  l’évaluation des États-Unis.

Des sources de renseignement occidentales citĂ©es par la newsletter française Intelligence Online ont identifiĂ© le commandant des forces iraniennes Quds au YĂ©men. Selon des sources, le gĂ©nĂ©ral Reza Shahi, originaire de la ville iranienne de Shiraz, commande une unitĂ© des Gardiens de la rĂ©volution au YĂ©men d’environ 400 combattants. Elle est renforcĂ©e par des experts du Hezbollah envoyĂ©s du Liban.

Khamenei et ses commandants militaires, dont Salami, Soleimani et Shahi, ont tenté de cacher la participation iranienne au Yémen.

Cependant, les services de renseignement américains, israéliens et saoudiens ont réussi à rassembler suffisamment de preuves pour prouver le contraire.

Selon des sources d’ Intelligence Online , Shahi et certains de ses subordonnĂ©s Ă©taient profondĂ©ment impliquĂ©s dans des attaques de missiles et des drones contre les installations pĂ©troliĂšres d’Aramco.

La prĂ©sence gĂ©nĂ©ralisĂ©e de Quds-Hezbollah au YĂ©men est une source de profonde prĂ©occupation pour les services de renseignements israĂ©liens et le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Ces derniers mois, Netanyahu a dĂ©clarĂ© Ă  plusieurs reprises que l’Iran dĂ©ployait des missiles au YĂ©men qui menacent non seulement l’Arabie saoudite mais aussi IsraĂ«l.

IntĂ©rĂȘt historique

En raison de sa situation gĂ©ostratĂ©gique particuliĂšre – surplombant les voies navigables de l’ocĂ©an Indien et de la mer Rouge, et sa proximitĂ© avec l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique – IsraĂ«l a montrĂ© son intĂ©rĂȘt pour le YĂ©men depuis des dĂ©cennies.

Selon certains rapports, dans les annĂ©es 1960, le service de renseignement britannique MI6 et l’ancien commandant du SAS David Sterling ont demandĂ© au Mossad d’aider les forces royales dans la guerre civile au YĂ©men contre les rĂ©publicains nassĂ©riens. En rĂ©ponse, l’armĂ©e de l’air israĂ©lienne a organisĂ© des lancements d’armes aĂ©riennes Ă  l’armĂ©e rĂ©aliste de l’imam Badr, qui a finalement perdu la guerre.

AprĂšs la guerre des Six Jours de 1967, des organisations palestiniennes telles que le groupe terroriste Front populaire pour la libĂ©ration de la Palestine, dirigĂ© par Wadia Haddad, ont Ă©tabli des camps d’entraĂźnement et des bases d’opĂ©rations au YĂ©men.

La cĂ©lĂšbre opĂ©ration de commandement israĂ©lien Ă  Entebbe en 1976 a eu lieu aprĂšs que des terroristes palestiniens et allemands dont Haddad ont dĂ©tournĂ© un avion de passagers d’Air France. En 1979, Haddad est dĂ©cĂ©dĂ© dans un hĂŽpital d’Allemagne de l’Est aprĂšs avoir Ă©tĂ© empoisonnĂ© par des agents du Mossad.

Pendant ce temps, des navires de la marine israĂ©lienne naviguaient dans les eaux autour du YĂ©men pour surveiller les pĂ©troliers transportant du pĂ©trole iranien vers IsraĂ«l. Bien que cet approvisionnement ait pris fin en 1979 avec la rĂ©volution islamique, la marine israĂ©lienne continue de patrouiller dans les mĂȘmes eaux, par lesquelles IsraĂ«l importe du pĂ©trole et des marchandises de l’Inde et de l’ExtrĂȘme-Orient.

Alors que la rivalitĂ© iranienne et saoudienne a augmentĂ© au cours de la derniĂšre dĂ©cennie, l’intĂ©rĂȘt d’IsraĂ«l pour le YĂ©men a Ă©galement augmentĂ©.

Le schisme entre Riyad et TĂ©hĂ©ran contribue Ă  rapprocher l’alliance israĂ©lo-saoudienne, et les manƓuvres iraniennes au YĂ©men sont une dimension supplĂ©mentaire Ă  cela.

Netanyahu inquiet

Quelque 2 000 km séparent Israël du Yémen, mais la menace des missiles Houthis est cependant un thÚme récurrent.

Les inquiĂ©tudes de Netanyahu ont Ă©tĂ© satisfaites par les menaces des Houthie. Le gĂ©nĂ©ral Mohammed al-Atifi, ministre de la DĂ©fense de l’administration Houthi, a dĂ©clarĂ© il y a trois semaines que ses forces avaient identifiĂ© une sĂ©rie de cibles militaires israĂ©liennes qu’elles pouvaient attaquer.

« Nous n’hĂ©siterons pas une minute Ă  dĂ©truire ces objectifs si les dirigeants en dĂ©cident », a-t-il dĂ©clarĂ© dans une interview au journal Al-Masirah, liĂ© aux Houthis. Atifi a accusĂ© IsraĂ«l de participer Ă  la guerre de la coalition dirigĂ©e par l’Arabie saoudite contre les Houthis.

Bien qu’il y ait peu de preuves que les Houthis ont la capacitĂ© de lancer une attaque Ă  des centaines de kilomĂštres, IsraĂ«l considĂšre le YĂ©men comme un autre théùtre des tentatives d’hĂ©gĂ©monie rĂ©gionale de TĂ©hĂ©ran.

IsraĂ«l est entourĂ© de milices iraniennes et pro-iraniennes et d’énormes arsenaux au Liban, en Syrie, en Irak et au YĂ©men.

Bien que les manifestations civiles et les manifestations de rue au Liban et en Irak inquiĂštent l’Iran, rien n’indique que leur dĂ©termination militaire et leurs ambitions impĂ©riales se soient affaiblies.

Les dirigeants iraniens restent unis dans la conviction que la RĂ©publique islamique doit ĂȘtre soutenue, et le chef suprĂȘme poursuit ses efforts pour consolider un avenir dur pour l’Iran.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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